Mouches et moustiques : une réalité bien Laurentienne

  • Publié le 14 juill. 2025 (Mis à jour le 14 juill. 2025)
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Photo: Unsplash
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Mouches noires, brûlots, mouches à chevreuil… vous en perdez votre latin? Marie-Ève André, préposée aux renseignements entomologiques de l’Insectarium de Montréal nous aide à y voir plus clair.

Qu’on le veuille ou non, les mouches et les moustiques font partie du décor des Laurentides, et ça vient avec son lot de désagrément, mais au-delà des bourdonnements, des piqures et des morsures, ces petites bestioles jouent des rôles essentiels pour notre environnement. Apprendre à les connaitre c’est un peu se réconcilier.

Les mouches noires

Elles se pointent le bout du nez dès le mois de mai au grand déplaisir des amateurs de plein air. De leur vrai nom, les simulies – de la famille des Simuliidae – les mouches noires peuvent mesurer entre 1,4 mm et 6 mm. Le nombre connu d’espèces connues sur le territoire québécois s’élève à plus de 70. Et elles ne sont pas que de couleur noire, en effet la teinte peut varier selon l’espèce. Les eaux courantes servent d’habitat naturel aux larves. Elles se reproduisent proches des ruisseaux et des rivières, les œufs sont pondus dans l’eau courante, les larves s’accrochent à un support dans l’eau et elles arrivent à filtrer cette eau pour y récupérer des algues et autres débris. Elles sont obligatoirement reliées au milieu aquatique pour compléter leur cycle de vie. Plusieurs espèces sont associées aux milieux forestiers. Elles sont surtout présentes en journée. Elles seront également plus nombreuses lors de printemps qui succèdent à un hiver plus neigeux où l’eau de fonte se trouve en plus grande quantité. Des pluies printanières abondantes favorisent aussi leur multiplication.

Seules les femelles mordent. Une fois accouplées, elles ont besoin de nutriments qui sont contenus dans le sang des vertébrés pour pouvoir produire ses œufs. « Elles vont mordre pour ensuite aller pondre leurs œufs peu de temps après », précise Marie-Ève André. Leurs pièces buccales sont courtes et acérées, elles sont ainsi adaptées pour cisailler la chair et prélever le sang des humains entre autres. « On pourrait comparer leurs pièces buccales à de petits ciseaux », précise Mme André. Elle poursuit en ajoutant que la femelle peut pondre des centaines d’œufs, ce qui explique pourquoi nous avons l’impression (fondée!) qu’elles sont si nombreuses.

Les brûlots

On les confond souvent avec les mouches noires, mais il s’agit d’une tout autre famille de mouches. Parmi ce qui les distingue de leur consœur, notons que leur habitat naturel ne se limite pas aux milieux aquatiques, mais inclut aussi les milieux semi-aquatiques, on n’a qu’à penser aux sols gorgés d’eau, entre autres, le nombre d’espèces connues les distingue aussi, on dépasse ici la centaine, au Québec. Elles sont aussi plus petites que les mouches noires, selon les espèces, leur longueur ne dépasse pas les 3 mm, on peut en apercevoir qui ne mesurent qu’un seul petit millimètre.

« La biologie des brûlots est beaucoup moins connue, il y a beaucoup de trous dans la littérature scientifique », relate Mme André.

Les brûlots font partie de la famille des Ceratopogonidae, si l’on veut les nommer correctement, on les désigne comme des culicoides. Il est à noter que ce ne sont pas tous les Ceratopogonidae qui sont hématophages et qui ont donc besoin du sang des humains.  Ce sont ceux du genre « Culicoïdes » qui nous intéressent ici, ce sont ceux-ci qui viennent mordre notre chair. À l’instar des mouches noires, ce ne sont que les femelles qui sévissent.

Les mouches à chevreuil

Aussi appelées « frappe à bord », ces grosses mouches font leur apparition un peu plus tard au printemps. On a répertorié plus de 75 espèces au Québec, elles sont issues de la famille des Tabanidae mais on les connait aussi en langage commun sous les noms de « tabanides » ou de «taons». Elles pondent leurs œufs sur des tiges et des feuilles, souvent à proximité de milieux aquatiques. Contrairement aux mouches noires et aux brûlots qui sont moins lourds, le vent gêne moins les déplacements des tabanides que ceux des mouches noires ou des brûlots, parce qu’ils sont plus robustes et de plus grande taille, ce qui explique qu’elles arrivent à «accompagner» sur de bonnes distances les amateurs de course à pied ou de kayak. Leur taille aussi a de quoi impressionner, on a recensé des spécimens, dont le taon endeuillé (mouche à cheval ou «tabanus»), qui atteignaient 3 centimètres.

«J’invite les gens à les observer de plus près, plusieurs espèces ont des yeux magnifiques», insiste Mme André.

La mouche à chevreuil pond ses œufs sur des plantes, leur éclosion a lieu quelques jours plus tard et la larve tombe à la surface du sol humide. Leur présence est notable lors de journées d’été chaudes et ensoleillées et il n’est pas rare d’en apercevoir encore à la mi-septembre.

Le dernier et non le moindre: le maringouin

De la famille des Culicidae, cet insecte piqueur privilégie les eaux stagnantes peu profondes. Au Québec seulement, environ 60espèces ont été recensées.

«Leurs pièces buccales sont allongées, elles ont l’apparence d’une petite trompe durcie, contrairement aux trois insectes énoncés précédemment, le maringouin ne mord pas, il pique. Et c’est ici aussi uniquement le cas des femelles», explique Mme André.

Utiles

Parmi les rôles écologiques de ces insectes, notons qu’ils servent de nourriture à une large variété d’animaux aquatiques et d’oiseaux. De plus, bon nombre d’espèces de brûlots et de mouches noires se nourrissent de micro-organismes, de matières organiques en décomposition dans l’eau. C’est sans compter leur rôle dans la pollinisation, mâles et femelles se nourrissent du nectar des fleurs.

«Leur impact réel sur la pollinisation est de plus en plus documenté. Cela dit, davantage d’études sont nécessaires pour bien comprendre le phénomène et les espèces impliquées», précise Marie-Ève André.

Des conseils

Afin d’éviter que votre environnement ne soit pris d’assaut par des centaines de milliers de moustiques, notre experte y va de quelques conseils. «En amont, ce qu’on peut faire à la maison, c’est de freiner le développement des cycles de vie. En milieu urbain ou semi-urbain, ne laissons pas trainer de vieux pneus sur nos terrains, c’est documenté, les moustiques adorent s’y rendre pour y pondre leurs œufs dans l’eau stagnante qui se trouve dans la cavité. C’est un micro-habitat idéal pour eux.» Elle mentionne aussi de ne pas laisser les assiettes de pots de fleurs remplies d’eau et de changer régulièrement l’eau des bains d’oiseaux.

Pour les randonneurs qui parcourent les sentiers des Laurentides lors de la saison estivale, les mesures de protection sont connues, on privilégie le port de vêtements longs et amples de couleur claire.

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