Mobilisation citoyenne pour débloquer le projet d’hôpital à Mont-Laurier

Plus de 150 citoyens, élus et professionnels de la santé se sont rassemblés samedi matin à Mont-Laurier pour réclamer le déclenchement du projet d’agrandissement de l’hôpital.

La population de Mont-Laurier s’est levée tôt ce samedi 20 septembre pour faire entendre sa voix. Réunis devant l’hôpital dès 10h30, environ 160 citoyens, élus municipaux et professionnels de la santé ont réclamé haut et fort le déclenchement du projet d’agrandissement attendu depuis plus de quinze ans.

Pour beaucoup, il ne s’agissait pas seulement d’une manifestation, mais d’un cri du cœur afin de préserver la dignité des patients et améliorer les conditions de travail du personnel soignant.

Un projet enlisé depuis 2007

Le projet d’agrandissement de l’hôpital de Mont-Laurier n’a rien de nouveau. Selon Dre Roxane Beaulieu-Doré, porte-parole des médecins de l’Hôpital de Mont-Laurier en cette journée de rassemblement, les premières démarches remontent à 2007. En 2018, l’ex-ministre de la Santé Gaétan Barrette avait fait une annonce officielle laissant espérer un chantier imminent, seulement les délais se sont depuis accumulés, et les plans finalisés en juin 2024 dorment toujours sur les bureaux du ministère.

Pendant ce temps, l’hôpital peine à répondre aux besoins de la population. Construit dans les années 1950, le bâtiment conserve des chambres à quatre lits sans salle de bain, une réalité que plusieurs considèrent comme indigne en 2025. L’agrandissement tant attendu devrait corriger ces lacunes en construisant des chambres individuelles avec salle de bain privée et en modernisant les unités d’hospitalisation de manière générale.

Dre Roxane Beaulieu-Doré n’a pas hésité à dénoncer une situation qu’elle juge intenable. « Ce n’est pas normal qu’en 2025, on ait encore des chambres à quatre sans salle de bain », a-t-elle martelé devant la foule. « Nos patients méritent d’être soignés dans la dignité et nos employés ont besoin d’un milieu adapté. Nous ne sommes pas des citoyens de deuxième classe. »

Les élus réclament des gestes concrets

Le maire de Mont-Laurier et préfet de la MRC d’Antoine-Labelle, Daniel Bourdon, n’a pas mâché ses mots. Selon lui, il ne manque rien pour lancer le projet, sinon un feu vert. « Tout est prêt. Ce qu’il manque, c’est la volonté du gouvernement de peser sur le bouton », a-t-il lancé.

Avec lui, plusieurs autres maires et mairesses des municipalités environnantes étaient présents afin d’apporter leur soutien au projet d’agrandissement de l’hôpital. On comptait entre autres le maire de Lac-des-Écorces, Pierre Flamand, la mairesse de Ferme-Neuve, Diane Sirard, et le maire de Chute-Saint-Philippe, Normand St-Amour.

Les élus craignent que ce dossier ne devienne qu’une promesse électorale constamment reportée. Ils rappellent que chaque retard se traduit par une facture plus salée pour les contribuables. Selon certaines estimations, chaque année de délai ajouterait plusieurs millions de dollars aux coûts du projet.

Une pression accrue sur le gouvernement

La mobilisation de ce samedi n’est pas un geste isolé, mais bien une étape d’une campagne plus large pour convaincre le gouvernement du Québec d’agir rapidement. Les organisateurs espèrent que la députée de Labelle, Chantale Jeannotte, portera le dossier avec force à Québec et que le ministre de la Santé inscrira enfin l’agrandissement de Mont-Laurier dans ses priorités immédiates.

« Quand on vit à Montréal ou à Québec, on s’attend à avoir des soins modernes et dignes. Pourquoi serait-ce différent ici? », mentionnait le maire Bourdon. Pour la population, l’hôpital n’est pas seulement un bâtiment, mais un symbole concernant l’égalité d’accès aux soins.

Jeannotte promet de défendre le dossier à Québec

La députée Chantale Jeannotte n’était pas présente à la mobilisation, mais elle a tenu à réagir par communiqué, qualifiant le projet d’agrandissement d’« essentiel pour la population des Hautes-Laurentides » et assurant que celui-ci demeure prioritaire pour le gouvernement.

« J’entends, je comprends et je partage l’impatience de mes concitoyens qui souhaitent voir débuter les travaux le plus rapidement possible », a-t-elle déclaré. La députée a rappelé que le projet figure au Plan québécois des infrastructures (PQI) et qu’il est « le plus avancé de tous les projets en santé des Laurentides ». Elle a affirmé qu’elle porterait ce dossier « avec conviction et détermination auprès des décideurs gouvernementaux » au cours des prochaines semaines.

Une mobilisation bien organisée

Consciente de l’urgence de la situation, la Fondation du Centre hospitalier de Mont-Laurier a pris les devants pour organiser cette mobilisation citoyenne. Des autobus avaient été mis à disposition dans plusieurs municipalités environnantes afin de permettre à la population de se déplacer facilement vers Mont-Laurier.

« Nous avons eu une réponse très encourageante, surtout en considérant le court délai pour tout mettre en place », a expliqué Pierre Gauthier, président de la Fondation. Selon lui, cette mobilisation prouve que la population est prête à se battre pour son hôpital et qu’il est temps que le gouvernement entende ce message clair.

Deux jours plus tôt, le 18 septembre, la soirée bénéfice annuelle de la Fondation à la Chaumière avait déjà permis de sensibiliser la communauté. Lors de l’événement, des dépliants avaient été distribués pour inviter la population à se joindre à la manifestation, un appel qui a porté fruit.