Le pacemaker du cerveau

  • Publié le 15 sept. 2025 (Mis à jour le 15 sept. 2025)
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Photo gracieuseté
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Cinquième portrait d’une série qui vous présentera au fil des semaines, des entrepreneurs, des inventeurs et des créateurs qui ne manquent ni de créativité ni d’audace. Ils sont tous épaulés par Mont X, ici à Mont-Tremblant. Retour sur le parcours de Jean-Simon Boucher.

Mont X, qui a pignon sur rue à Mont-Tremblant est un incubateur et un accélérateur de startups (jeunes pousses) qui offre de l’accompagnement aux entreprises innovantes du Québec et d’ailleurs. Leurs services se spécialisent dans les domaines du sport, du plein air et du bien-être. Selon Marie-Eve Presseau, directrice générale, la mission de Mont X est de faire de Mont-Tremblant et des Laurentides un territoire et un pôle d’innovation dans ces domaines spécifiques. « Nous désirons nous imposer comme un incontournable, et créer la Silicon Valley du sport, du plein air et du bien-être au Québec et au Canada », ajoute-t-elle.

 

Jean-Simon Boucher pratique différents sports depuis sa tendre enfance. « Je suis un athlète amateur de sport d’équipe depuis toujours, du soccer quand j’étais plus jeune et du hockey-balle maintenant, j’ai d’ailleurs monté une ligue. Le sportif explique qu’il se questionne depuis plusieurs années à savoir pourquoi l’entraînement du cerveau ne fait pas partie de l’entraînement général dans une discipline sportive. « Comment pourrait-on reconnecter les neurones et les entraîner afin de les rendre plus performantes. Comment un athlète professionnel hyper performant tel que Sidney Crosby est-il branché pour performer comparativement aux autres. » Avec ses études en génie mécanique, Jean-Simon explique qu’il s’est toujours intéressé aux mécanismes du cerveau. Il a ensuite bifurqué vers le génie électrique parce que cette discipline lui fournissait des outils plus adaptés afin de poursuivre ses recherches sur le fonctionnement du cerveau. Il a ensuite fait une maitrise sur la neuro-imagerie afin d’expliquer ce qui se passe entre les deux oreilles lorsqu’un individu participe à un événement sportif. Il décide d’appliquer le fruit de ses recherches au domaine du sport, sa passion.

Pandémie

Alors qu’il est un des seuls à pouvoir travailler dans les bureaux de la société pour laquelle il travaille pendant la pandémie, Jean-Simon, qui a toujours voulu œuvrer sur le plan de l’intervention en milieu sportif, se met à cogiter sur la meilleure façon de mettre le tout en application. Il joint un groupe à l’international avec lequel il échange, en particulier un participant du Viêt-nam qui s’intéresse à l’amélioration de la performance par le biais de la créativité. Jean-Simon voit rapidement le parallèle à faire avec le sport et les échanges se poursuivent avec son nouveau collègue d’outre-mer. Ce dernier lui présente d’ailleurs une technologue que notre inventeur utilisera éventuellement dans l’élaboration de son « casque de récupération post commotion cérébrale », que sa jeune compagnie Cortech Sport souhaite éventuellement mettre sur le marché. Cette technologie utilise la lumière pour venir stimuler les neurones du cerveau. Selon les études que notre inventeur a consultées parmi la littérature scientifique disponible, il lui est apparu clair que cette technologie fonctionnait. « Ça a été un déclic pour moi, il fallait que j’amène cette nouvelle technologie au service des athlètes. Au début, je voulais l’appliquer dans un contexte de performance sportive, mais ensuite je trouvais ça plutôt pertinent de l’appliquer au domaine des commotions cérébrales.

Un fléau

Les commotions cérébrales sont un véritable fléau dans le monde du sport et Jean-Simon s’affaire à développer son casque de récupération post commotion autant sur le terrain lors de joutes sportives qu’en clinique lors de traitement visant à accélérer la récupération.

Plusieurs étapes

On ne met pas sur le marché un tel casque aussi facilement qu’on le ferait pour un ouvre-boîte. Il faut respecter plusieurs étapes et la patience est de mise. Il élabore d’abord un premier prototype, qu’il révisera par la suite pour se plier aux exigences de Santé Canada. Un second prototype est rapidement conçu et le dossier avec Santé Canada est complété, de nombreux échanges entre les deux parties auront lieu pendant les mois qui ont suivi. En juin 2025, la bonne nouvelle arrive. « On a eu leur GO pour débuter nos études. » Le casque a été remis aux chercheurs et ces dernies procèdent aux dites études. Les premiers tests sont effectués sur des humains en bonne santé. « C’est un long processus, pour déterminer si mon casque est un produit qui peut traiter les commotions cérébrales, ça ne se fait pas du jour au lendemain. » Les premiers tests tentent de confirmer si, sur des candidats en bonne santé, l’utilisation du casque vient activer un mécanisme dans le cerveau qui a le potentiel d’être bénéfique dans le traitement. Si tout se déroule comme prévu, dès l’été prochain des études sur des athlètes commotionnés devraient être mises en branle. Ces études veulent aussi démontrer l’éventuelle efficacité du casque dans la phase aigüe de la commotion cérébrale, un traitement d’urgence en quelque sorte, qui pourrait être utilisé dans les endroits où ont lieu les événements sportifs, un peu à la manière d’un défibrillateur cardiaque qu’on retrouve à portée de main. Des tests seront aussi effectués auprès d’athlètes qui souffrent de symptômes persistants à la suite d’une commotion. Jean-Simon est conscient qu’avant que l’utilisation de son casque puisse attester traiter les commotions cérébrales, il risque de s’écouler de trois à cinq années.

 

Dans des mots simples

Ce n’est pas tout le monde qui a des connaissances scientifiques et Jean-Simon en est bien conscient. Avec des mots simples, Il illustre ainsi le fonctionnement du casque: « Imaginons nos cellules comme de petites batteries, nous on vient donner de l’énergie à chaque cellule, on vient les recharger. Le cerveau peut récupérer naturellement, même si aucun traitement n’est prescrit parce qu’il peut s’autoréguler. Ici, en venant stimuler et en donnant de l’énergie, on accélère le processus de rétablissement en permettant au cerveau de s’autorégénérer. Et en réduisant l’inflammation locale entre autres. »

 

L’effet Mont-X

Pour Marie-Eve Presseau, directrice générale de Mont-X, Jean-Simon est infatigable. « Il travaille depuis plusieurs années au développement de sa solution. Aujourd’hui, on voit sa vision se concrétiser. Avec Cortech Sport, il a le potentiel de transformer la façon dont on traite les commotions cérébrales, un enjeu malheureusement trop présent dans le monde du sport. Son travail et sa persévérance démontrent qu’avec la bonne vision et les bons partenaires, il est possible d’apporter une innovation qui peut réellement changer le sport et protéger la santé des athlètes. »

Pour Jean-Simon, l’apport de Mont X est grand. « Nos échanges sont simples et efficaces, on s’est tout de suite compris. Ils savent à qui parler, leur réseau de ressources est impressionnant. »

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