Reliures Caron et Létourneau ferme ses portes en 2026

Tout récemment, l’entreprise familiale Les Reliures Caron et Létourneau annonçait la fermeture du commerce dans le premier trimestre de 2026.

L’entreprise Reliures Caron et Létourneau, située à Labelle, se spécialise dans la reliure, la réparation et la remise à neuf de livres et d’ouvrages imprimés. Il y a quelques années, la présidente et directrice générale de l’entreprise, Mélissa Durand, avouait à L’info du Nord que la compagnie ne connaissait pas l’engouement passé, bien que l’entreprise respirait la santé. Depuis, le vent a tourné et Mme Durand annonce officiellement la fermeture de l’entreprise au cours du premier trimestre de 2026.

Notons qu’à plusieurs reprises au cours de cette entrevue, Mélissa Durand a répété à quel point la douzaine d’employés de l’entreprise était importante. Elle est formelle : tous reçoivent de l’accompagnement pour se dénicher un nouvel emploi et plus encore.

Un point de non-retour

Quand on l’interroge à savoir si l’on cherche à vendre l’entreprise, elle répond qu’il n’en est pas question. Alors, attendre encore quelques mois avant de fermer?

« C’est le temps nécessaire pour terminer les contrats, et l’on voulait aussi passer la période des Fêtes. Voilà pourquoi ça va dans le premier trimestre », déclare la présidente, qui explique la fermeture par la diminution de la demande. « D’un, l’Internet. Ça a commencé par ça et il s’est mis à avoir de plus en plus de périodiques numériques dans les bibliothèques universitaires et collégiales. Donc, elles ont délaissé la version papier […] Ensuite sont arrivés les livres numériques. »

Cette fermeture est un point de non-retour et le bâtiment sera éventuellement vendu, affirme Mme Durand. Elle gardera pour le temps qu’il faut son entreprise à Drummondville, l’autre pied-à-terre, et des équipements seront déplacés vers cette usine qui fonctionne à son rythme.  

Les effets du tournant numérique

Mélissa Durand se souvient de l’époque où elle a joint Reliures Caron et Létourneau en 2005, soit peu de temps avant que le iPhone arrive sur les tablettes. Durant cette période, les membres de l’entreprise sont frappés d’une vision qui s’avérera juste avec la menace de cet ordinateur de poche vendu depuis à plus de 3 milliards d’exemplaires.

« On s’est dit, « Oh!, ça va peut-être changer la donne concernant notre entreprise ». Quand même, nous avons résisté pendant plusieurs années et l’on se doutait que quelque chose comme ça allait arriver, puisque tout s’en va vers le numérique. Il y a aussi la frénésie pour les balados, les livres audio… C’est tout ce qui fait que la demande a énormément diminué et que l’entreprise n’a plus suffisamment d’heures à donner aux employés », déplore Mme Durand.

La présidente estime que le coût du papier, jumelé à l’augmentation des frais, pèse aussi lourd dans la balance.

« [L]es bibliothèques sont obligées de faire des choix selon leur budget […] J’ai rencontré une ville où le budget d’achat et de reliure de livres reste le même depuis huit ans. Puisque tout augmente et que l’on ajuste nos prix, que des villes n’augmentent pas le budget de bibliothèque, ça veut dire moins de livres qui passent par l’entreprise de reliure », laisse savoir Mme Durand.

Réaction

La mairesse de Labelle, Vicki Émard. a réagi à cette annonce par voie de courriel.

« La nouvelle de la fermeture des Reliures Caron & Létourneau nous a profondément surpris et attristés. Cette entreprise fait partie intégrante de notre patrimoine économique et humain depuis plus d’un demi-siècle. Avant d’accepter cette réalité, nous souhaitons travailler étroitement avec les propriétaires et nos partenaires en développement économique afin d’explorer toutes les solutions possibles pour préserver cette présence précieuse à Labelle et, si possible, éviter une telle fermeture. Je pense sincèrement aux familles labelloises directement touchées par cette décision, et je leur exprime toute ma solidarité », a déclaré la mairesse.