Dossiers non résolus des Hautes-Laurentides : entre mémoire, attente et espoir

Photo Sûreté du Québec
Photo Sûreté du Québec

Dans les Hautes-Laurentides et ses environs, certaines enquêtes policières demeurent sans conclusion, parfois depuis plusieurs décennies.

Maxim Ouellette-Legault | mouellette@medialo.ca

Derrière ces dossiers non résolus se trouvent des familles en quête de réponses, des enquêteurs déterminés et une technologie en constante évolution. À Mont-Laurier, Labelle, Grand-Remous ou encore dans la réserve faunique La Vérendrye, des drames anciens restent suspendus dans le temps.

« Un dossier non résolu ne devient jamais un dossier fermé. Il reste actif jusqu’à ce qu’il soit résolu », rappelle le lieutenant Benoît Richard, coordonnateur aux communications pour la Sûreté du Québec. Tant qu’aucune preuve formelle ne permet de conclure une enquête, le dossier demeure inscrit dans les registres et peut faire l’objet de nouvelles investigations.

Des drames anciens toujours en suspens

Le territoire des Hautes-Laurentides compte plusieurs affaires marquantes qui, malgré le temps, n’ont toujours pas été élucidées. En juillet 1976, Renée Lessard et son amie Jocelyne Beaudoin disparaissent alors qu’elles faisaient de l’auto-stop vers le Lac-Saint-Jean. Le corps de Renée sera retrouvé un mois plus tard dans la réserve faunique La Vérendrye, celui de Jocelyne plus de 300 kilomètres plus loin. Il faudra attendre 2018 pour que l’identité de Renée soit confirmée par des analyses modernes.

D’autres noms viennent s’ajouter à cette mémoire collective : Monique Clot-Larose, retrouvée morte à Labelle en 1980 ; Johanne D’Aoûst et Claude Chevalier, dont les corps sont découverts dans un ravin en 1985 ; les frères David et Raoul Legault, assassinés à Lac-des-Écorces en 1986 ; Roger Gagnon, victime de violence à Grand-Remous en 1991 ; Gilles Goulet, de Grand-Remous, disparu en 1995 sans laisser de trace.

Le drame de Labelle : Monique Clot-Larose

Le 14 mai 1980, Monique Clot-Larose est retrouvée morte dans la salle de bain de sa résidence de Labelle, sur la route 117. Son mari, rentré du travail en fin de journée, découvre la porte d’entrée forcée. À l’intérieur, il trouve le corps de son épouse, âgée de 22 ans, présentant des marques évidentes de violence. Monique a été étranglée, possiblement dans la baignoire. Depuis, l’enquête stagne. Plus de 40 ans après les faits, la Sûreté du Québec considère toujours cette affaire comme non résolue.

Le double meurtre des frères Legault

Le 13 août 1986, à 15 h, des membres de la famille découvrent les corps sans vie de David et Raoul Legault, âgés respectivement de 71 et 64 ans, dans leur résidence située à 11 kilomètres du village de Lac-des-Écorces. Les deux frères vivaient en quasi-ermites dans ce secteur boisé depuis près de 40 ans. Ils ont été abattus par arme à feu, à l’intérieur de leur maison.

Avant de succomber à ses blessures, David Legault aurait réussi à fournir quelques détails indiquant que deux hommes se seraient présentés pour commettre un vol. Malgré ces informations cruciales, l’enquête n’a jamais permis d’identifier les responsables. Le lieu reculé, le peu de traces disponibles et les limites technologiques de l’époque ont contribué à faire de cette affaire l’une des plus opaques de la région.

Le cas de Suzanne Yelle

Le 14 juillet 1984, le corps de Suzanne Yelle est découvert en bordure de la rue principale à Mont-Tremblant, en matinée. Cette ancienne mannequin de 34 ans, résidente de Brébeuf, avait été vue pour la dernière fois la veille, vers 23 h 30, à l’Hôtel Mont-Tremblant, où elle était arrivée seule après avoir fréquenté plusieurs établissements de la région de Saint-Jovite. La cause de la mort : un traumatisme crânien sévère, infligé par un objet contondant. Aucune trace de lutte n’a été relevée, ce qui laisse croire qu’elle ne s’attendait pas à être attaquée.

Le corps a été déplacé : la scène où elle a été retrouvée ne correspond pas à celle du crime. Aucun vol ni agression sexuelle n’ont été constatés. L’affaire est classée comme un homicide, mais malgré les recommandations de la coroner et la réouverture de l’enquête par la Sûreté du Québec, aucun suspect n’a pu être identifié. Quarante ans plus tard, le mystère demeure entier.

Des méthodes qui évoluent avec la science

Ce n’est pas parce qu’un crime date de 30 ou 40 ans qu’il ne peut plus être résolu. Les progrès de la science judiciaires, en particulier dans le domaine de l’ADN, permettent aujourd’hui d’exploiter des éléments de preuve qui étaient autrefois inutilisables.

« Dans plusieurs domaines, la science a fait évoluer les façons de faire, notamment en matière d’ADN. Ce qu’on faisait avant avec de la poudre, on le fait aujourd’hui avec du matériel électronique », ajoute le porte-parole de la SQ. Certains échantillons conservés depuis les années 1980 peuvent aujourd’hui livrer des résultats grâce aux outils actuels. Ces percées ont permis de résoudre plusieurs affaires longtemps restées sans réponse.

Des liens maintenus avec les familles

Même après de nombreuses années, les enquêteurs de la Sûreté du Québec poursuivent leur travail en gardant contact avec les proches des victimes. Le lien n’est pas toujours régulier, mais il demeure.

« Parfois, on rappelle une famille quelques années plus tard. On a une question, un nouvel indice à vérifier, ou simplement une mise à jour. » Cette relation, parfois discrète, témoigne d’une volonté de respecter la douleur des familles tout en poursuivant les démarches pour faire jaillir la vérité.

« Dossiers non résolus » plutôt que « crimes »

Depuis quelques années, la terminologie a changé. On ne parle plus de « crimes non résolus », mais bien de « dossiers non résolus ». Ce glissement sémantique reflète une réalité judiciaire : certaines disparitions, bien que toujours inexpliquées, pourraient ne pas être liées à un geste criminel.

« Au fil de l’enquête, il pourrait s’avérer qu’il n’y a finalement aucun élément criminel. C’est pour ça qu’on parle désormais de dossiers, pas de crimes », explique le lieutenant Hugo Fournier. Par conséquent, plusieurs disparitions mystérieuses ne figurent pas sur le site officiel de la SQ, réservé aux cas où une infraction est soupçonnée.

Ces noms que l’on n’oublie pas

D’autres dossiers continuent de troubler les communautés locales : Serge Maillé, retrouvé mort à Mont-Laurier en 1976 ; Anne Vincent, disparue à Val-Morin en 1982 ; Christine Thibault, portée disparue à Maniwaki en 2009 ; Shannon Alexander et Maisy Odjick, deux adolescentes algonquines disparues à Maniwaki en 2008 ; ou encore René Rosa, introuvable depuis mars 2000 à La Minerve.

Tous ces cas partagent une même attente : que quelqu’un, quelque part, se souvienne. Qu’un jour, une nouvelle information permet de faire avancer les choses.

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