Espèce envahissante préoccupante
La tanche nagera-t-elle bientôt dans nos eaux laurentiennes?
La tanche est une espèce de poisson dite envahissante qui préoccupe le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Bien que le poisson ne se trouve pas aux dernières nouvelles dans nos cours d’eau, porter une attention particulière sur sa présence et surtout la déclarer est pratiquement un devoir de pêcheur.
La tanche se reconnait par sa couleur verte olive (et même noire), sa forme trapue et sa peau visqueuse recouverte généreusement de petites écailles. On peut aussi y voir des reflets dorés sur ses flancs et son ventre est d’un blanc-jaune. « À l’âge adulte, elle pèse environ de 3 à 4 kilos et mesure généralement entre 30 et 40 cm de longueur, mais un individu de 70 cm a déjà été rapporté. Elle arbore une paire de barbillons aux coins des lèvres, des filaments sensoriels qui lui permettent de détecter ses proies et des yeux avec un iris jaune vif à rouge orangé », selon la description tirée de la page qui lui est consacrée au MFFP.
La tanche se diffère de la carpe avec une seule paire de barbillons plutôt que deux. Elle se distingue aussi des achigans, car elle ne possède pas d’épine à nageoire dorsale.
Selon Olivier Morissette, biologiste à la Direction de l’expertise sur la faune aquatique au MFFP, « la tanche a été introduite au Québec par la rivière Richelieu, en Montérégie. Sa dispersion dans les autres régions du Québec s’effectue principalement par le cours du fleuve Saint‑Laurent et ses différents tributaires ». Ses réponses aux questions de L’info sont venues par voie de courriel.
Concernant l’habitat de la tanche, le MFFP avance qu’elle peut vivre dans une variété d’habitats bien qu’elle semble préférer « les milieux envahis de végétation où l’eau est stagnante comme les lacs, les étangs ou les marais à fonds vaseux. On l’observe également dans les rivières où le courant est calme. Par contre, on ne risque pas de l’apercevoir dans des milieux sans végétation. La tanche tolère extrêmement bien de faibles concentrations d’oxygène; elle peut même survivre une journée hors de l’eau. Ce caractère extrême de tolérance lui permet de coloniser des endroits trop hostiles pour y retrouver la plupart des autres espèces », apprend-on sur le site Web. Et la population semble augmenter d’année en année au Québec.
Et dans les Laurentides?
Au sujet de la présence de la tanche dans les Laurentides, Olivier Morissette avance qu’« actuellement, les données du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) concernant la tanche dans la région des Laurentides confirment sa présence dans le fleuve Saint‑Laurent, la rivière des Outaouais et la rivière du Nord, dans le secteur de Lachute, où une observation a été rapportée par un pêcheur sportif. Il est possible que la tanche soit aussi présente dans d’autres tributaires du Saint‑Laurent de la région. Selon les informations disponibles, la tanche ne serait pas présente dans les Hautes‑Laurentides. »
Plusieurs centaines d’obstacles (chutes et barrages) qui représentent des barrières à la dispersion de la tanche et d’autres poissons envahissants dans le Québec méridional ont été étudiés par le MFFP. On peut voir les résultats au https://bit.ly/3gBCTKb.
Les citoyens doivent acheminer leurs observations au MFFP par courriel (services.clientele@mffp.gouv.qc.ca) ou par téléphone (1-877-346-6763). Soulignons que le ministère applique plusieurs actions afin de documenter la présence de la tanche et de limiter sa dispersion, et bien sûr sa détection.
« La réglementation sur l’interdiction d’utilisation de poissons-appâts vivants réduit grandement le risque d’introduction de l’espèce dans des lacs et des rivières du Québec; la tanche étant une espèce qui avait été identifiée par le MFFP comme présente dans quelques viviers de poissons-appâts de la province », conclut le biologiste Olivier Morissette.
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