Élections fédérales 2021
Retour aux sources pour Laurentides-Labelle
Tout ça pour ça. Quatre mots que plusieurs ont prononcés le matin du 21 septembre, quand après une soirée électorale sans grande surprise, une Chambre des communes à peine changée a été élue lors des élections fédérales. Deux experts de la région se prononcent sur ces résultats.
Guillaume Tassé, professeur d’histoire au Cégep de Saint-Jérôme et au Centre collégial de Mont-Tremblant, a grandi à Mont-Laurier et est un passionné de politique. Selon lui, la victoire bloquiste dans Laurentides-Labelle était somme toute prévisible, en raison de la polarisation du vote qu’on constate depuis quelques années. « Les enjeux changent peu, le débat est concentré autour de quelques-uns d’entre eux et chaque parti engage des firmes de communication pour contrôler le message, alors ça ne donne jamais un débat d’idée », lance-t-il d’emblée.
À ses yeux, chaque électeur « voit ce qu’il veut voir » lors des campagnes électorales, si bien que les habitudes de vote ne changent guère. Que ce soit le Bloc Québécois qui doit chaque élection rappeler sa pertinence, le Parti conservateur qui est noyauté par la « droite dure de l’Ouest » ou le Parti libéral et le NPD qui peinent à rejoindre un électorat en région rurale, les lignes de fracture ne bougent plus vraiment, analyse-t-il. « On prend une tangente de plus en plus semblable aux États-Unis, déclare M. Tassé. C’est toujours une bataille des villes contre les campagnes, grâce surtout au vote des minorités culturelles. »
Une certaine indifférence
Guillaume Tassé évoque également, dans le cas bien précis de la dernière élection, un « manque d’appétit de l’électorat », causé par la pandémie et par l’isolement relatif auquel la population a été confrontée depuis le dernier scrutin. Un constat que partage Alexandre Laplante, professeur de sociologie au Cégep de Saint-Jérôme et au Centre collégial de Mont-Tremblant.
« J’expliquerais le statu quo généralisé auquel on assiste par le contexte sanitaire. Oui, la mouvance d’extrême droite opposée aux mesures sanitaires s’est organisée, là, on a pu voir un changement au niveau des intentions de vote, mais pour le reste du monde, on n’a pas été en contact les uns les autres. Donc, on a plus eu tendance, dans les deux dernières années, à consolider ses intentions de vote », avance-t-il.
« Il n’y a rien qui a tiré la population d’un bord ou de l’autre, rien n’était favorable aux confrontations d’idées. » – Alexandre Laplante
Il ajoute que malgré la polarisation apportée par la pandémie, il n’y avait « aucun facteur de mobilisation » dans cette campagne électorale un peu terne. Il évoque les questions de l’immigration et de l’environnement, enjeux majeurs ces dernières années au Québec, qui étaient passablement absents du débat.
Ça se reflète dans le comté
M. Laplante se dit avoir été très surpris par ailleurs de voir que dans les comtés où le Bloc avait été très fort en 2019, comme Joliette et Laurentides-Labelle, aucun autre parti n’a mis d’efforts pour leur ravir. Le même constat s’applique pour l’Outaouais, qui est demeuré libéral. « C’est comme si, comme tout le monde avait pas mal le même programme qu’en 2019, on jugeait que les résultats seraient semblables en partant. Je trouve que ça nuit un peu au processus démocratique de faire le choix d’être invisible, en misant sur quelques comtés seulement où on pense être réélu ou faire des gains », s’exprime-t-il.
Guillaume Tassé explique lui aussi ce manque d’intérêt pour nos comtés par le fait que les députés sortants sont très bien ancrés localement et qu’il valait mieux s’investir « là où tu penses gagner ». « Le chef joue tellement pour beaucoup maintenant, quand tu sens qu’une vague ne sera pas possible, tous les partis y vont avec des approches ciblées. Peut-être que ça changerait avec une modification du mode de scrutin, mais pour l’instant, l’appel au vote stratégique fonctionne », conclut-il.
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