Réinventer le but de hockey

Deuxième portrait d’une série qui vous présentera au fil des semaines, des entrepreneurs, des inventeurs et des créateurs qui ne manquent ni de créativité ni d’audace. Ils sont tous épaulés par Mont X, ici à Mont-Tremblant. Retour sur le parcours d’Alain Phaneuf.

Mont X, qui a pignon sur rue à Mont-Tremblant est un incubateur et un accélérateur de startups (jeunes pousses) qui offre de l’accompagnement aux entreprises innovantes du Québec et d’ailleurs. Leurs services se spécialisent dans les domaines du sport, du plein air et du bien-être. Selon Alexis Turcotte-Noël, coordonnateur de programme et conseiller en innovation, la mission de Mont X est de faire de Mont-Tremblant et des Laurentides un territoire et un pôle d’innovation dans ces domaines spécifiques. « Nous désirons nous imposer comme un incontournable, et créer la Silicon Valley du sport, du plein air et du bien-être au Québec et au Canada », ajoute le coordonnateur.

Avant de s’intéresser aux défis auxquels les gestionnaires et les employés des arénas de la province sont confrontés, Alain Phaneuf a œuvré en tant que policier en Montérégie pendant plus de 25 ans. Mais il se définit aussi comme un papa-taxi : « J’en ai visité des arénas… de Saint-Hyacinthe en Montérégie à Melbourne en Australie. Je suis tombé en amour avec les problèmes des arénas. »

Parmi ces problèmes, l’entrepreneur mentionne la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et surtout l’explosion des coûts d’opération. « On n’a qu’à penser aux frais en énergie, l’utilisation de l’eau (coût hydrique), la capacité de payer diminue et si l’on ne fait rien, les arénas vont fermer. C’est déjà commencé, et pas seulement au Québec. »

Un problème qui pèse lourd

Un autre problème auquel les employés des arénas sont confrontés est la lourdeur des buts de hockey. Il faut souvent les déplacer sur la glace ou même hors de l’enceinte, il faut un minimum de deux personnes pour les manipuler, mais avec le manque de main-d’œuvre il n’est pas rare qu’une seule personne doive s’affairer à cette lourde tâche.

« Ce sont mes clients qui se sont manifestés en arguant que les buts de hockey n’avaient pas évolué durant les 100 dernières années », précise M. Phaneuf.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, 80% des accidents qui surviennent dans les arénas sont causés par le déplacement des buts. L’ex-policier rappelle qu’en 2013, un jeune hockeyeur y a laissé sa vie. En effet, le jeune Javier Alexis Urquiaga est décédé asphyxié alors qu’il pratiquait son sport préféré à la patinoire extérieure municipale à Saint-Sévérin en Mauricie.

Avant d’alléger les buts de hockey, cet inventeur a eu l’idée de les motoriser. « En 2019, on a remporté le prix d’une des 10 meilleures inventions remis par l’Association de la recherche industrielle du Québec (ADRIQ), mais j’ai finalement abandonné l’idée pour me consacrer à en produire de plus légers. »

Ces nouveaux buts révolutionnaires sont fabriqués à Blainville. M. Phaneuf a cependant établi son siège social à Mont-Tremblant dans les mêmes locaux que Mont X.

« En les fabriquant en aluminium au lieu de l’acier, on a réussi à réduire le poids de 50% à 75%. Un but fabriqué en acier peut faire osciller la balance à 50 kg voire 70 kg, ceux que nous fabriquons en aluminium ne font que 23,5 kg », souligne-t-il.

Et qui plus est, les buts fabriqués ici répondent à toutes les normes internationales de hockey sur glace et de ringuette sur glace. «  Nos buts de hockey sont plus chers à l’achat que ceux fabriqués en acier. En revanche, cet achat représente un investissement, alors que les buts traditionnels ont une obsolescence programmée allant de 2 à 3 ans, les nôtres viennent avec une garantie de 8 ans et à part le cordage qui devra être remplacé tous les 4 ans, nos buts (le cadre) ont une espérance de vie beaucoup plus longue », précise M. Phaneuf.

L’effet Mont X

Pour l’entrepreneur, l’apport de Mont X dans le succès de son entreprise est indéniable. « Quand on veut marquer l’histoire en transformant les arénas du monde entier, il faut s’entourer des meilleurs, et je l’ai été. »

Pour Marie-Eve Presseau, directrice générale chez Mont X, Alain Phaneuf c’est plus qu’un simple entrepreneur. « Alain c’est un véritable pionnier qui contribue à élever les standards de sécurité et de développement durable dans les arénas du Québec. »