Omar Khadr : la politique de la division décryptée

  • Publié le 17 mai 2023 (Mis à jour le 12 avr. 2025)
  • Lecture : 3 minutes
Simon Dominé

« Un état de droit, soit tu en veux, soit tu n’en veux pas. Or, si tu en veux, il faut que tu en veuilles tout le temps. Pas juste quand ça fait ton affaire. »
Avec J’accuse les tortionnaires d’Omar Khadr, paru récemment, l’avocat, docteur en droit et chroniqueur Frédéric Bérard lève le voile sur ce qu’il considère comme la « plus grande injustice canadienne de l’histoire récente ».

Au fil de ces 400 pages, le natif de Mont-Laurier revient sur le traitement arbitraire et inhumain qui a été réservé au Canadien Omar Khadr, capturé en Afghanistan et enfermé pendant une décennie à Guantánamo Bay.

« Le livre n’a pas été écrit pour des juristes, des politologues ou des diplomates. Le livre a été écrit pour monsieur-madame tout le monde. Parce que la pire chose qui aurait pu arriver, c’est que cette chose-là ne soit pas connue et si l’histoire n’est pas connue, ça impliquerait qu’elle pourrait se répéter et franchement, il ne faut pas qu’on fasse ça », lance M. Bérard.

Legs empoisonné

Le dernier livre de l’auteur s’inscrit dans la lignée de La fin de l’état de droit? (2014), La Terre est une poubelle en feu (2020) ou encore La bêtise insiste toujours (2021). Le politologue poursuit sa chronique des atteintes à l’état de droit dans nos sociétés occidentales.

« La révélation principale du livre, c’est que Stephen Harper [premier ministre du Canada de 2006 à 2015, NDLR] a empêché le retour de Khadr. (…) Moi, le scoop que j’ai eu, par Hillary Clinton, c’est que non, non, attend un instant. C’est toi qui a empêché le retour de Khadr au pays et c’est de ce fait-là que les États-Unis l’ont accusé. En d’autres termes, c’est pas la même chose. Tout le monde pensait que Harper ne faisait aucun effort pour le rapatrier; ça s’est évident. Mais c’était bien pire que ça : c’est que les États-Unis voulaient nous retourner Khadr, mais Harper s’y est opposé. »

« Moi, je ne veux pas d’un premier ministre au Canada ou ailleurs, peu importe, qui décide en lieu et place du judiciaire. » – Frédéric Bérard

M. Bérard décrypte ce legs empoisonné. « Le livre de recettes est clair : un politicien peut refuser l’état de droit, peut refuser un procès en toute démagogie (…). Et en agissant de cette manière-là, tu vas même être capable d’aller chercher de nouveaux votes, de faire ce qu’on appelle la politique de la division et puis basta. »

Pas à l’abri

Après 7 ans de travail sur ce livre, Frédéric Bérard s’attèle à des projets très différents : un roman et un livre sur le groupe Offenbach. « J’ai besoin de me changer les idées. Les injustices et les violences, je dirais que j’ai donné pour quelque temps », se justifie-t-il.

Un peu de calme avant qu’une prochaine tempête se pointe à l’horizon?

« Malheureusement je vais être obligé d’y revenir parce que probablement que Trump gagnera la prochaine présidentielle et là, ça risque de faire redécoller de nouveau toutes ces folies-là. »

Le chroniqueur, qui avertit sans relâche ses concitoyens que la violation ponctuelle des droits ici et là est une pente glissante, ne se ferait plus casser un bras pour supprimer le point d’interrogation qui accompagnait son ouvrage de 2014.

Après avoir expliqué que 35 États américains prohibent désormais d’une façon ou d’une autre l’avortement et que plus de 400 projets de loi circulent aux États-Unis pour restreindre les droits de la communauté LGBTQ, M. Bérard estime que « la pire erreur qu’on puisse faire à cette étape-ci, c’est de penser qu’au Canada, on est à l’abri de ça ».

« Moi je suis prêt à parier beaucoup, beaucoup d’argent que Pierre Poilievre [chef du Parti conservateur du Canada] au pouvoir va retoucher les questions d’avortement, de peine de mort, d’aide médicale à mourir, de mariage entre conjoints du même sexe », avance-t-il.

À l’en croire, l’affaire Khadr est un exemple flagrant de la vulnérabilité de l’état de droit. « Violer l’état de droit, ça s’adresse aux pires instincts des gens. C’est facile de dire: Ça n’a pas de bon sens d’accorder des droits à des trans et à des gais et puis c’est trop. En d’autres termes, on remet ça dans les mains de la majorité en tout temps, basé souvent sur de la désinformation, basé souvent sur de la haine. »

Où trouver le livre?

J’accuse les tortionnaires d’Omar Khadr est disponible dans les librairies laurentiennes suivantes :

Il est possible de commander en ligne sur le site des librairies indépendantes du Québec au www.leslibraires.ca et également chez Renaud Bray et Archambault.

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