Feux de forêt et souvenirs d’enfance

  • Publié le 3 juill. 2023 (Mis à jour le 12 avr. 2025)
  • Lecture : 2 minutes
Rédaction Médialo


Sur une plage de Tel-Aviv, ma fille d’alors 16 ans me lance, pensive :

– Tu sais papa, je crois que je n’aurai pas d’enfants.

– Ah? Et pourquoi donc?

– Parce qu’avec les réchauffements climatiques, ce serait une erreur, de mettre une nouvelle personne au monde.

Les jambes sciées, je peine à formuler une réponse. Qu’est-ce qui peut bien amener nos jeunes à développer une posture autant drastique?

– Faut être honnête, papa, le monde s’en va chez le diable.

– Oui, je comprends, mais j’avais espoir que ta génération allait prendre les choses en main, non?

– J’en doute. Et de toute manière, les jeunes les plus populaires le sont avec des folies d’influenceurs, pas avec des prises de conscience sur l’environnement. Et même toi, avec tes tribunes médiatiques, t’en parle jamais ou à peu près, non?

Jambes sciées, prise deux.

Parce que fâcheusement, la posture de l’héritière est loin d’être anecdotique. La plus exhaustive et internationale des études portant sur les jeunes et le climat, publiée dans le respecté Lancet Planetary Health, témoigne du pire : 60 % des kids jugent « effrayant » l’avenir planétaire, allant jusqu’à conclure que « l’espèce humaine est condamnée ».

Concrètement, alors que 84 % des répondants se déclarent inquiets et 59 % extrêmement inquiets, plus de la moitié de ceux-ci se déclarent « tristes, anxieux, en colère et impuissants ».

Plus percutant : à l’instar de ma fille, 40 % hésitent fortement à… avoir des enfants. Voilà où nous en sommes. De toute beauté.

Secoué comme un cocotier, cherchant l’équilibre, coupable des actions et omissions de ma génération, j’ai cherché, tant bien que mal, à rassurer. Pour ensuite arriver à l’inéluctable conclusion : bordel, ils ont raison. La planète est en train de cramer, sous nos yeux. Sans que quoique ce soit ne se fasse, s’opère, ne bouge. Pas d’autres options, me dis-je, que de se grouiller. Empreint de honte, je m’efforce dès lors à assaillir mes tribunes de la question du réchauffement, de toutes les manières possibles : scientifique, pragmatique, comique, alarmiste, avec des dessins, en hurlant, rien n’y fait.

Une seule réaction, commune, à toutes mes simagrées: ZZZZZZZZ.

Ennui total. Réaction zéro. On s’en fiche. La paix. Dodo. Parlons plutôt du CH.

Je décide alors d’y aller encore plus fort : publier un livre coup de poing sur le sujet, au titre suivant : La terre est une poubelle en feu. Sous l’initiative de l’éditeur, ma fille se joint au bouquin pour un échange épistolaire intergénérationnel.

Réaction? Mon livre le… moins vendu à vie. Et de loin.

-Eille!

-Quoi?

-On va mourir.

-Qui ça ?

-L’humanité.

-Qui dit ça?

-L’ensemble de la communauté scientifique.

-T’es sûr de ça?

-Garanti. Va voir le nouveau rapport du GEIC. Il nous reste quelques années afin de pouvoir renverser la tendance, après-coup, on est foutu.

– Eh ben.

Voilà qui dit tout. Eh ben. On le sait. Ou devrait savoir. Nos dirigeants sont au courant. Et poursuivre néanmoins les subventions à l’industrie pétrolière, plus généreuse que jamais. On autorise le saccage des flores marines. Le rachat de pipelines. Aucune restriction d’envergure en vue pour quelconque secteur d’activité. Prenez vos BIXI et faites du compost, les clowns. Comme si ceci allait changer quoi que ce soit.

Le lien du présent texte avec son titre? Que les derniers feux de forêt confirment, scientifiquement, ce qui s’en vient. Et que ceci constitue, à bien des égards, les principaux souvenirs d’enfance des morveux à venir.

Nous sommes laids.

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