Maisons d'hébergement
Les maisons d’hébergement réclament un financement adapté
C’est d’une seule voix que l’Alliance des maisons d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2), le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale ainsi que la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes demandent au gouvernement un financement adapté à leur réalité particulière.
En 2021, plusieurs projets pour augmenter le nombre de places en maison d’hébergement pour les femmes victimes de violence ont obtenu du financement par l’entremise du programme de la SCHL (une société instaurée par le gouvernement fédéral dans le but de stabiliser le marché de l’habitation). « Quand le montant qui vient du fédéral arrive dans la machine de la SHQ (Société d’habitation du Québec), c’est là que ça pose problème. Ils utilisent les critères du logement social qui ne correspondent pas à nos maisons», précise la directrice de l’Ombre-Elle, Myriam Tison.
Pour l’Ombre-Elle de Sainte-Agathe qui fait partie de l’Alliance MH2 et qui offre des services à la population des Pays-d’en-Haut et de la MRC des Laurentides, la situation actuelle pourrait mettre péril des projets en cours. Finalisant prochainement le projet de construction de leur nouvelle installation, l’Ombre-Elle attend toujours une aide de 1,7 M$ supplémentaires afin de conclure les ententes relatives au projet. Également, l’organisme espère pouvoir concrétiser un projet de logements de 2e étape qui permettrait d’accueillir environ 7 familles. L’organisme, qui avait reçu l’aval de la SHQ pour démarrer cet autre projet, en a déjà soumis les plans. « On est inquiet, car nos représentants tentent de rejoindre la SHQ et on est sans nouvelles », témoigne Myriam Tison. On aimerait avoir un programme dédié aux maisons d’hébergement qui prendrait en considération les pieds carrés en fonction de nos besoins d’intervention et nos milieux de vie », ajoute-t-elle.
Plusieurs projets en péril
Selon le regroupement, le programme dans sa forme actuelle vient de forcer l’arrêt de projets en Abitibi-Témiscamingue (2), à Montréal (2), à Québec et à Thetford Mines en raison des changements que demanderait la SHQ. Au total, ce sont 35 projets qui seraient menacés dans la province. Des subventions fédérales totalisant plusieurs millions de dollars qui avaient été octroyés pour finaliser les projets seraient ainsi bloquées par la SHQ qui demande des révisions pour réduire leur coût.
Un coût à la sécurité
Pour ces organismes qui sont familiers avec les situations d’urgence, il y a d’abord les maisons de première étape où les victimes qui fuient une situation de violence en prenant le minimum d’effets personnels à la recherche d’un refuge. Il y aurait 5 maisons de première étape dans les Laurentides et 110 au Québec. C’est pour assurer une période de transition aux victimes que les 35 projets de maisons de 2e étapes seraient projetés par les différents organismes. Dans les Laurentides, il y a 3 projets de maison de 2e étape seraient prévus. En plus de celui de l’Ombre-Elle, d’autres constructions sont projetées à Saint-Jérôme et à Mont-Laurier.
« Une maison de 2e étape, c’est un refuge transitoire de haute sécurité », précise Myriam Tison. Ce type de maisons représente un pied-à-terre qui permet aux victimes, avec l’aide d’intervenants, de se reconstruire et de réorganiser leur vie dans un milieu où elles seront à l’abri des menaces extérieures. « Ce qui ne fonctionne pas avec la SHQ, c’est que l’on se base sur un coût par porte en nous comparant à du logement social », illustre-t-elle. C’est cette façon de concevoir les coûts des projets des maisons d’hébergement avec les mêmes critères que le logement social qui fait en sorte de l’argent est bloqué par le SHQ, croit le regroupement.
La sécurité avant tout
Selon l’Alliance MH2, les projets d’hébergement requièrent des éléments sécurité accrue, telles des portes et fenêtres sécurisées, des caméras de surveillance et des lieux de vie communs, comme des espaces d’intervention, d’accueil des victimes avec ou sans enfant, mais aussi des espaces pour les intervenants « Nos intervenantes vivent avec les femmes, c’est un milieu de vie. On ne fait pas seulement de l’hébergement, mais on offre aussi de l’aide en communauté. On a des intervenantes externes qui outillent les femmes pour les aider à mieux comprendre les situations de violence dont elles sont victimes et mieux se protéger », affirme Myriam Tison.
La réponse de la ministre
Après une visite du plus récent projet de l’Ombre-Elle, la ministre responsable de l’Habitation et députée de Bertrand, France-Élaine Duranceau a pu se faire une bonne idée des besoins particuliers de ces organismes. « Les maisons d’hébergement de première et de deuxième étape jouent un rôle primordial pour protéger et accompagner les femmes vulnérables. Nous sommes conscients que les besoins sont grands. En collaboration avec la SHQ, nous soutenons les organismes pour que le développement des projets soit plus agile et plus efficace, notamment pour optimiser les coûts et assurer le succès des projets. Notre gouvernement est celui qui a investi le plus pour soutenir les femmes victimes de violence et nous continuons ce travail », a-t-elle déclaré.
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