Lettre dénonçant des coupes forestières à venir
Que répond le ministère des Forêts aux citoyens du lac Croche?
À la suite d’une lettre envoyée par les résidents du lac Croche à La Minerve pour dénoncer des coupes forestières à venir, L’info a fait suivre quelques questions au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Voici les réponses obtenues par le journal de la part de Sylvain Carrier, relationniste de presse au ministère.
Pourquoi au Québec, nous pouvons couper à moins de 20 mètres d’un cours d’eau alors que des recherches indiquent que ce n’est pas suffisant pour protéger notre eau et que d’autres juridictions exigent beaucoup plus?
« Le RADF [Règlement sur l’aménagement durable des forêts du domaine de l’État] encadre la réalisation des activités d’aménagement forestier. Ce règlement prévoit plusieurs mesures de protection des milieux aquatiques, riverains et humides et d’éviter l’apport de sédiments tel que: une lisière boisée d’une largeur d’au moins 20 m doit être conservée en bordure d’une tourbière ouverte avec mare, d’un marais, d’un marécage arbustif riverain, d’un lac ou d’un cours d’eau permanent (article 27 du RADF). La coupe partielle dans une lisière boisée, en bordure d’un lac ou d’un cours d’eau permanent, est permise selon les conditions précisées dans le RADF. La coupe totale est interdite dans une lisière boisée (article 28 du RADF). La circulation d’engins forestiers est interdite dans l’écotone riverain lorsque celui-ci est présent et dans les 20 premiers mètres d’une lisière boisée conservée en bordure d’une tourbière ouverte avec mare, d’un marais, d’un marécage arbustif riverain, d’un lac ou d’un cours d’eau permanent (article 32 du RADF). Certaines exceptions sont prévues à cet article. Le maintien des bandes riveraines est une modalité reconnue pour limiter les impacts de la foresterie, notamment pour limiter l’apport de sédiments dans les lacs et les cours d’eau. »
Pourquoi les routes forestières seront-elles construites plus large que ce qui serait nécessaire?
« La planification forestière et la réalisation des activités d’aménagement forestier (récolte forestière) en forêt publique sont réalisées dans le respect du RADF. […] Le chapitre 5 de ce règlement concerne les chemins, les sablières et les infrastructures forestiers. Lors de la construction d’un chemin multiusages, il y a déboisement d’une emprise d’une largeur supérieure à celle du chemin à construire. Le déboisement de l’emprise est nécessaire afin de permettre à la machinerie de construire le chemin et de prélever le matériel nécessaire aux travaux. L’article 71 du RADF prévoit que la largeur de l’emprise d’un chemin ne doit pas excéder celle prévue à l’annexe 4 pour la classe de chemin à laquelle il appartient. »
Pourquoi pratiquons-nous encore des coupes à blanc, dites « coupes régénératives », plutôt que de pratiquer de façon systématique des coupes de jardinage?
« L’utilisation de la coupe totale, progressive ou de jardinage ou autre est encadrée par le Guide sylvicole du Québec. Basé sur la science forestière, ce document indique dans quelles situations un traitement et ses modalités sont adéquats et permettent une bonne pratique forestière. […] La coupe totale peut être utilisée pour ensuite procéder à un reboisement ou à libérer la régénération naturelle d’arbres d’essences désirées sur la superficie récoltée. »
« D’un point de vue uniquement sylvicole, outre les coupes totales, les coupes progressives sont des traitements de récolte adaptés à la forêt boréale. Cependant, leur utilisation exige que plusieurs conditions de réussite soient présentes dans le peuplement à traiter. […] Une essence comme le pin gris se régénère très rarement sans l’aide d’une perturbation naturelle (feu). Afin de maintenir cette essence dans les peuplements, les sylviculteurs utiliseront la coupe totale et procéderont à un reboisement pour régénérer le site. Ainsi, les coupes progressives ne sont pas toujours adaptées en forêt boréale. »
« Une coupe partielle, comme la coupe de jardinage, nécessite habituellement de 2 à 3 fois plus de superficies de récolte pour obtenir le même volume de bois qu’une coupe totale. Une superficie plus grande de coupe exige nécessairement la construction de plus de chemins pour atteindre les secteurs désignés pour la récolte. Bien que le RADF assure une très bonne protection du territoire, une plus grande quantité de chemins peut amener d’autres enjeux qui sont aussi considérés dans le choix du type de récolte à privilégier. »
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