Il parcourt la Haute-Rouge depuis plus d’un an
Guy Duval se trouve dans la rue
Depuis plus d’un an, le travailleur de rue Guy Duval côtoie la misère des gens tous les jours. Ça ne va pas comme il le souhaite. L’itinérance, c’est le vécu de son quotidien. Voici un portrait de cette condition qui évolue depuis ses premiers jours dans la rue.
Guy Duval travaille sur la prévention et intervient en ce qui concerne l’itinérance et l’errance. Son territoire couvre toute la vallée de la Rouge, sauf La Minerve. « C’est certain que si l’on me demande à La Minerve, je me déplace, mais essentiellement, c’est la Rouge », dit-il à L’info.
Il y a un peu plus d’un an, quand il a été embauché comme travailleur de rue, c’était en raison d’un sérieux problème à Rivière-Rouge, surtout au parc de la gare. Là-bas, on trouvait des personnes en situation d’itinérance qui se saoulaient et consommaient des drogues dès 11h. « Je constatais la violence verbale et ça en venait aux poings, raconte-t-il. Une situation où les touristes ne venaient plus à la gare où se trouve le bureau d’accueil touristique. La Ville se plaignait aussi qu’il y avait beaucoup d’itinérants dans le centre-ville. Au point que la population leur mettait sur le dos tous les méfaits. Le projet est parti de ces constats. »
Parler, c’est important
Guy Duval a débuté ses premières heures du projet à rencontrer ces fêtards, à dialoguer avec eux en leur expliquant que les prises de bec commençaient avec la consommation d’alcool et de drogues. Il fallait aussi qu’ils prennent conscience de l’importance de la gare, un endroit familial, un pôle de la culture et de tourisme et que la consommation n’y trouve pas sa place. Après un certain temps, Guy Duval a mené le discours à bon port.
« Par contre, je n’ai pas pris de vacances cet été, car je voulais voir ce que pouvait être une réalité sans itinérance à la gare. Zéro party de notre clientèle cet été. On les a éduqués. […] Les gros consommateurs, nous avons mis ces personnes en action. C’est-à-dire qu’on leur a trouvé un emploi, pas tous, mais certains d’entre eux ont profité d’un salaire cet été. Ça a fait une grande différence dans leur vie », ajoute M. Duval, soulignant que les emplois voguaient entre la coupe de bois de chauffage, la fabrication de petite remorque pour triporteur, et même de l’aide sur un chantier de construction.
Plusieurs dizaines de personnes à aider
Quand on pense que Guy Duval rencontrait il y a quelques années des élèves du Méandre, il est passé depuis dans un autre monde. Il a troqué le costard pour le jeans, si l’on peut dire. Il appelle maintenant “son bureau” une ancienne chambre dans le bâtiment qui abrite l’Arc-en-Soi à Rivière-Rouge. L’organisme a pour mission d’offrir différents services d’accompagnement et de soutien aux personnes en situation de problématiques de santé mentale. Elle chapeaute d’ailleurs les activités de Guy Duval.
« Officiellement, dit ce dernier, des rencontres individuelles avec ma clientèle, on parle de 45 personnes, dont plusieurs que je revois à maintes reprises dans l’année. Je parle ici de 30 hommes et 15 femmes environ. J’ai rencontré des personnes jusqu’à 15 fois cette année et je dois en suivre d’autres, régulièrement, toutes les semaines. »
Il ajoute que « les mercredis au parc de la gare, nous offrons à la clientèle, en partenariat avec Tim Hortons, la SDC de Rivière-Rouge et la Ville, de quoi pour qu’ils se réchauffent, mangent et boivent. J’apporte aussi des boites de dons, du linge d’hiver ces temps-ci, pour qu’ils choisissent ce qui leur convient. C’est à ce moment, à cet endroit, que l’on me parle de tout. Quel que soit le service que l’on me demande, je fais mon possible pour les aider, que cela touche leur logement, les aides alimentaires, une référence au CLSC ou à l’hôpital. C’est une clientèle souvent moins demandante les mercredis, mais je dois répondre. Et ça représente souvent environ 40 personnes de plus. »
Cette aide se traduit parfois dans des gestes banals, comme aller se faire vacciner. Récemment, Guy Duval a loué un petit autobus pour amener la clientèle à un pôle de vaccination réservé juste pour eux. Mais c’est 90% de la clientèle qui a profité du service. « Chacun est heureux d’être vacciné aujourd’hui, car déjà qu’ils se sentent à part, renfermés pour ne pas dire isolés, le vaccin leur permet de gagner une certaine liberté. Et ça protège les autres aussi », conclut-il.
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