Politique fédérale
Marie-Hélène Gaudreau dresse le bilan de son mandat
Ce qui devait être une entrevue le 11 août pour aborder avec Marie-Hélène Gaudreau les derniers sujets chauds à Ottawa s’est transformé en bilan de mandat, lorsque les rumeurs d’élections se sont amplifiées. Retour sur deux années plutôt mouvementées.
Pour Mme Gaudreau, le laps de temps entre son élection à titre de députée bloquiste de la circonscription fédérale de Laurentides-Labelle (le 21 octobre 2019) et le « Grand Confinement » de 2020 aura été de courte durée.
Fraîchement élue dans ses nouvelles fonctions, la députée a dû gérer avec son équipe une crise sanitaire de grande ampleur. Concrètement, quelle différence a pu faire une députée fédérale de l’opposition dans tout ce chambardement?
C’est d’abord une cinquantaine de citoyens de la région rapatriés du monde entier en catastrophe grâce à elle et plusieurs milliers d’autres guidés vers les bons services, épaulés, rassurés, bref, un véritable « travail dans l’ombre » assuré à un rythme qui n’avait rien à voir avec une vie normale.
Les contraintes liées à la COVID-19 ont eu comme bon côté de permettre à la députée de démultiplier sa présence dans sa très vaste circonscription. Grâce aux outils technologiques à sa disposition, elle a presque pu doubler ses rencontres, assure-t-elle, en plus d’effectuer plus de 800 interventions en chambre et en comités.
Mme Gaudreau regrette aussi que la transition avec son prédécesseur, le libéral David Graham, ne se soit pas déroulée comme elle l’aurait souhaité. « On a ramassé des pots cassés de centaines de personnes. Et je n’ai eu aucun transfert. »
« On ne fait pas juste bloquer puis chialer »
Malgré toutes les contraintes liées au virus de la COVID-19, les parlementaires ont poursuivi leurs travaux et Mme Gaudreau estime que sa formation politique s’est distinguée.
« Je pense que les gens commencent à le percevoir qu’on ne fait pas juste bloquer puis chialer, mais qu’il y a des propositions concrètes. La preuve? Est-ce qu’on est très mécontent de la subvention salariale? C’est ce qui a sauvé le maintien en emploi. Moi, je le vis dans mon entreprise. »
Et pour ce qui est de programmes comme Nouveaux Horizons ou Emploi d’été Canada, ne venez pas lui dire qu’une circonscription de l’opposition reçoit moins qu’une autre. « Ça dépend du travail terrain. C’est un programme normé, viens pas me faire accroire que parce que tu es au gouvernement, tu as plus d’argent, non. Ça, c’est faux. On a travaillé fort sur le terrain, on s’est assuré que les gens connaissent le programme, on s’est assuré de faire augmenter les programmes. »
« Sur la ligne de front »
Qui plus est, Mme Gaudreau se targue d’être « sur la ligne de front » grâce à ses fonctions de vice-présidente du caucus du Bloc.
Selon elle, sa formation politique en a imposé aux autres partis fédéraux durant les dernières sessions parlementaires.
« Quand on se lève, que ce soit n’importe qui des 32 [députés du Bloc, NDLR], évidemment le chef, il y a quelque chose qui se passe. On entend dire: ils ont ben raison, ç’a ben du bon sens, qu’est-ce qu’on peut sortir de différent pour passer ça à notre crédit? »
Volubile, la députée était prête à multiplier les exemples, que ce soit à l’échelle locale ou nationale, pour démontrer que le Bloc a pesé fort dans la joute politique.
Parmi eux, la contribution remboursable conditionnelle de 221 000$ de Développement économique Canada (DEC) récemment annoncée pour l’Aéroport international de Mont-Tremblant par Soraya Martinez Ferrada, députée libérale d’Hochelaga et secrétaire parlementaire du ministre des Transports.
À ce propos, la députée Gaudreau note qu’il s’agissait d’une décision « de dernière minute » du gouvernement Trudeau. « (…) c’était pas inscrit dans le discours du Trône et dans le dépôt du budget. C’est grâce à nous. »
Autre exemple, qui touche cette fois le secteur agricole de la circonscription: l’idée d’assouplir les normes dans la vente d’aliments contenant des résidus de l’herbicide glyphosate.
« Il faut comprendre qu’on a une posture particulière au Québec (…). On a vraiment déjà une préoccupation sur ce qu’on utilise pour nos récoltes et ce qu’on a dans notre assiette. (…). La ministre [fédérale de l’Agriculture, NDLR] Bibeau nous disait « Je ne peux pas rien faire, tout ce qui touche Santé Canada ». Qu’est-ce qui s’est passé deux semaines plus tard? Finalement, elle avait du pouvoir. Elle s’est ravisée. Parce qu’on n’a pas lâché. »
À propos des élections
Environnement, Internet haute vitesse, gestion de l’offre, pension vieillesse ou encore Prestation canadienne de la relance économique (PCRE): des dossiers parmi tant d’autres grâce auxquels la députée aurait pu disserter sur le travail accompli par les bloquistes dans les deux dernières années, mais qui, gageons-le, seront à nouveau abordés dans le cadre des élections fédérales.
À cet égard, Mme Gaudreau rappelle que le Québec « n’en veut pas », mais qu’il « faut faire face à ce qui arrive ». La députée sortante caresse l’espoir que le Bloc décroche la majorité absolue au Québec le 20 septembre prochain.
Elle mentionne pour finir que malgré la campagne en cours, son équipe de circonscription « n’abandonnera personne », car, souligne-t-elle, « on est devenu pratiquement une succursale de Service Canada ».
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