Économie et culture
La culture, une industrie rassembleuse qui aide à la prospérité
Le 10 juin dernier au Théâtre du Marais de Val-Morin, les diffuseurs culturels des Laurentides membres du Réseau Scènes et Économie sociale Laurentides, en collaboration avec le Conseil des préfets et des élus de la région des Laurentides (CPERL) dévoilaient les résultats d’une étude sur les impacts socio-économiques des diffuseurs de spectacles professionnels.
Le rapport commandé par Réseau Scènes concernait 17 diffuseurs de la région du Grand Montréal, dont 5 situés dans les Laurentides. On parle de l’Espace-Théâtre Muni-Spec de Mont-Laurier, de La petite église Cabaret Spectacle de Saint-Eustache, de l’Odyscène de Sainte-Thérèse, du Théâtre Le Patriote de Sainte-Agathe-des-Monts, et du Théâtre du Marais de Val-Morin.
Au cours de la présentation, Joselle Baril, enseignante et chercheuse au Centre collégial d’expertise en innovation sociale a résumé les principaux constats de l’étude pour les Laurentides. « On peut déjà avancer que les salles de spectacles sont des moteurs économiques pour leur région. Elles sont aussi des vecteurs d’identité qui contribuent à l’identité des citoyens d’une localité et elles proposent également des services dont les gens peuvent difficilement se passer. »
Un moteur économique
Un des premiers constats marquant de l’étude est que les résultats recueillis auprès des consommateurs de spectacles dans les Laurentides sont semblables à ceux des autres régions. « Les impacts sur le bien-être et l’attractivité par exemple sont en corrélation avec les résultats observés dans le reste de l’étude », soutient Joselle Baril.
L’aspect où les Laurentides affichent un élément distinctif, c’est que les gens dépensent en moyenne plus d’argent quand ils vont voir un spectacle dans les Laurentides (71 $) que dans les autres salles du réseau (60 $). « Une hypothèse qui permet d’expliquer ça, c’est la plus grande proportion du public qui vient de l’extérieur de la localité. Habituellement, plus on habite loin du diffuseur, plus on a tendance à dépenser. » L’étude démontre à ce sujet que les principales dépenses associées aux soirs de spectacles sont les bars et les restaurants (69,49 %), dans des stations-service (12,68 %) et dans des épiceries et des dépanneurs à (7,57 %).
Par ailleurs, l’étude fait aussi remarquer que, si les gens dépensent davantage pour venir voir un spectacle dans les Laurentides, les impacts économiques moyens sont comparables autres salles qui offrent davantage d’événements. « Ce que l’étude dit, c’est que si les diffuseurs d’ici avaient plus de moyens pour organiser davantage d’événements, il y aurait encore plus de retombées économiques. Il y a encore de la marge », précise la chercheuse.
Plusieurs millions
Le rapport de recherche mentionne qu’à elles seules, les 5 salles de spectacles des Laurentides génèrent des retombées économiques indirectes (argent dépensé par le public auprès des commerçants locaux) de plus de 2 094 678 $ par année, par diffuseurs, soit en moyenne 23 352 $ par événement. Chaque dollar investi par le diffuseur se traduit par des dépenses par 1,50 $ de dépenses dans l’économie locale, tandis que pour chaque dollar investi par les municipalités auprès des diffuseurs, le public dépense en moyenne 15 $ dans l’économie locale.
« Il y a aussi des effets sur le bien-être, le sentiment d’appartenance et l’identité. Ces effets sont plus difficilement mesurables, mais ils ont impact bien réel », ajoute Joselle Baril. À ce sujet, l’étude a démontré le lien qu’il existait entre la perception des gens de leur diffuseur et la perception qu’ils avaient de leur municipalité. « Lorsque l’on croise les résultats, on s’aperçoit que plus les gens ont une bonne perception de leur diffuseur (salle de spectacle), meilleure est leur perception de leur municipalité », fait remarquer Joselle Baril qui ajoute que 100% des répondants considèrent qu’une salle est un avantage dans une municipalité.
Voir la culture autrement
Après la présentation de l’étude, Jean-Martin Aussant, économiste et homme politique a posé un regard critique sur le rôle des diffuseurs pluridisciplinaires au sein du mouvement de l’entrepreneuriat collectif. Il a notamment fait remarquer l’effet pervers des préjugés tenaces dont est victime le secteur de la culture . « Il faut voir la culture comme un secteur comme tous les autres secteurs économiques. Les chiffres le prouvent, il s’agit d’un secteur très puissant. Présentement la perception, c’est que la culture, ce sont des quêteux. Il est temps ça change », indique-t-il.
Dans son explication M. Aussant a fait allusion aux subventions qui sont perçues comme une preuve de non-rentabilité : « Le secteur industriel reçoit chaque année des milliards de plus que la culture en subventions. Quand un entrepreneur privé reçoit de l’argent public pour faire une route, on appelle ça un contrat. Alors que quand le diffuseur reçoit le même dollar public, on parle de subvention. L’asphalte, c’est bien le fun, mais c’est pour se rendre à culture qu’on fait des routes », illustre-t-il.
Que le début
Cette étude, première en son genre au Québec n’est surement pas la dernière si on en croit nos spécialistes. « Les diffuseurs sont des piliers pour nos communautés, tant sur le plan économique que social, tout le monde savait ça d’instinct. Maintenant, nous pouvons le démontrer. On espère avoir donné le coup d’envoi avec notre étude », conclut Joselle Baril.
L’étude en bref:
• En tout plus de 6700 personnes ont répondu aux sondages;
• Juste avec les salaires, les 5 diffuseurs des Laurentides à eux seuls injectent plus de 3,8 M$ dans l’économie locale;
• Les gens qui fréquent plus régulièrement les salles de spectacles ont tendance à faire plus d’heures de bénévolat et leur taux de participation aux élections est supérieure;
• 46 % des publics qui fréquentent les salles de spectacles plus de 5 fois par année ont un indice de bien-être élevé, alors que cette proportion passe à 20 % chez ceux qui ne les fréquentent pas.
On peut consulter le rapport complet en ligne.
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