Déclaré délinquant dangereux, Yann St-pierre emprisonné pour une durée indéterminée

Publié le 22 décembre 2021 par Gilles C. Poirier

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Chroniqueur judiciaire | gcpoirier@inmedias.ca

Dans une décision rendue le 13 décembre 2021, la juge Yanick Laramée a déclaré Yan St-Pierre délinquant dangereux et l’a condamné à une peine d’emprisonnement à durée indéterminée.

Yann St-Pierre est décrit par la sexologue et psychothérapeute comme une « bombe à retardement ». La juge Laramée l’a déclaré délinquant dangereux et l’a condamné à une peine d’emprisonnement à durée indéterminée. (Photo Depositphotos)

En se basant sur les rapports et témoignages des experts, la juge Laramée a conclu que Yann St-Pierre, 40 ans de Mont-Laurier, représentait un réel danger pour la société.

Dans son exposé, la juge Laramée a mentionné que la preuve présentée par la poursuite (représentée par les procureurs Me Marie-Christine Loiseau et Me Jean-Michel Baril) était éloquente, limpide et convaincante. L’expertise du psychologue est retenue et convainc le tribunal hors de tout doute raisonnable que l’accusé est dans l’incapacité de contrôler ses pulsions sexuelles violentes et que ses multiples déviances sexuelles, jointes à ses nombreux antécédents de violence (dont certains de nature sexuelle), constituent un danger pour la société.

La juge Laramée a également mentionné que toutes les thérapies internes, externes et en milieu carcéral n’ont eu aucun effet jusqu’à ce jour. Selon elle, les experts sont unanimes à l’effet que le risque de récidive est très élevé, et ce pour des crimes de même nature et dont les conséquences pourraient être plus graves, voire fatales.

Rappelons que Yann St-Pierre avait plaidé coupable le 6 juin 2019 à des accusations d’agression sexuelle avec mutilation survenue en août 2018, d’évasion d’une garde légale, de conduite de véhicule pendant une interdiction, de menaces envers un policier pendant sa détention, de harcèlement envers sa victime et de bris de probation.

Évaluation des experts

L’audition de la requête pour faire déclarer Yann St-Pierre délinquant dangereux s’est tenue le 7 octobre 2021. Quatre experts ont eu à évaluer l’accusé et ont témoigné devant le tribunal.

Le directeur des services à l’Établissement de détention de Saint-Jérôme a décrit l’accusé comme un être qui a besoin d’un encadrement très, très serré, qui ne pouvait pas contrôler son agressivité, qui refusait de collaborer et qui proférait régulièrement des menaces. Pendant sa détention préventive, il a fait l’objet de 51 manquements disciplinaires, ce qui lui a valu entre autres de passer 117 jours en confinement et 108 jours en isolement (communément appelé « le trou »).

L’agent de probation qui a préparé le rapport présentenciel a mentionné que Yann St-pierre aurait peu de compassion pour sa victime, chercherait à se déresponsabiliser et aurait beaucoup de difficulté à gérer ses émotions. L’agent a conclu que s’il était remis en liberté une récidive était « certaine » à moyen terme. Il a ajouté que c’est la première fois qu’il utilisait ce terme dans les 60 rapports qu’il a préparés.

Le psychologue de l’Institut universitaire en santé mental (IUSM) et spécialiste pour troubles du comportement sexuel a qualifié l’individu d’antisocial, d’impulsif, qui manquerait d’empathie, qui se surestimerait et qui considèrerait que tout lui est dû. Il a même mentionné qu’il aimait faire souffrir ses partenaires dans une relation sexuelle. Selon son évaluation, il qualifie l’individu de psychopathe selon l’échelle de psychopathie de Hare. Il pense que dans son cas, le temps de détention, qu’il soit court ou long, n’aura aucune influence sur la récidive à sa sortie. À la fin de son témoignage, il a recommandé au tribunal qu’il soit déclaré délinquant dangereux.

La sexologue et psychothérapeute le qualifie quant à elle de « bombe à retardement ». D’après elle, il aurait peu d’empathie et serait réfractaire à l’autorité. Elle a mentionné qu’elle avait des inquiétudes sur une récidive plus grave, qui pourrait aller jusqu’à la mort de sa victime.

Peine d’une durée indéterminée

Le délinquant dangereux pourra demander une audition devant la Commission des libérations conditionnelles après avoir purgé une peine de sept ans. La commission déterminera si l’individu est apte à être libéré et sous quelles conditions. Advenant un refus, la commission devra par la suite revoir le délinquant aux deux ans.

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