Un couple de Rivière-Rouge tricote pour joindre les deux bouts

Publié le 17 novembre 2021 par Ronald Mc Gregor

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Ronald Mc Gregor

Journaliste - Photographe | rmcgregor@medialo.ca

Ce n’est pas évident pour les familles sans emploi de joindre les deux bouts à la fin du mois, surtout depuis qu’elles doivent couper ici et là pour avoir un panier d’épicerie convenable. L’info a parlé à une mère de famille qui dit « tricoter » tous les mois pour y arriver, sans pour autant brimer le bien-être des enfants.

Malgré 3000$ par mois, des familles peinent à arriver à la fin du mois, tellement la vie coûte plus cher depuis quelques mois. (Photo Unsplash)

Samuel et Noélie, noms fictifs du couple qui requiert l’anonymat, habitent Rivière-Rouge. Chaque mois apporte son lot de factures à payer, parfois le minimum, afin de sauver des dollars pour la nourriture. Dans leur cas, la malchance leur est tombée dessus: le couple traverse des problèmes de santé, plus sérieusement pour Noélie, bien qu’elle dit aller mieux, depuis peu. Les trois enfants vont à l’école et apportent de bons lunchs, mentionne la mère.

« S’il y a quelque chose que l’on tient à garder même si l’on coupe partout, c’est bien manger comme il le faut. Mais quand tu vas à l’épicerie depuis quelques mois, tu n’as rien pour 200$ », déplore Noélie.

D’entrée de jeu, soulignons que le couple ne reçoit pas de prestations de derniers recours. Ils touchent environ 3000$ par mois au total, des revenus venant, entre autres, de la CNESST. Il faut déduire le loyer à près de 700$, le paiement du camion environ le même montant, l’électricité, le téléphone, le service Internet, etc. Il leur reste quelques centaines de dollars pour la nourriture. « On coupe, on fait très attention, mais on ne veut pas non plus tout couper. On veut quand même vivre, car on sait que c’est présentement un bout dur à passer. Mais jamais je ne saute un paiement: ce n’est pas ma nature », dit Noélie.

Économiser grâce à l’usagé

Le couple doit souvent courir les centres d’aide alimentaire comme l’Action bénévole de la Rouge pour quelques paniers. « Heureusement, ça dépanne énormément, mais ça ne compte pas tous les repas avec de la viande. Cette année, nous allons à la chasse et ça va grandement aider. Mais bon, la chasse ne paie pas toutes les factures », remarque la mère de famille.

Souffrant d’une maladie qui la cloue à la maison, Noélie a dû calculer avec l’ajout de médicaments dispendieux. Il en va aussi pour son conjoint. Puis arrive l’hiver. Il faut habiller les enfants.

« J’ai toujours aimé les friperies et acheté dans l’usagé. Des endroits comme l’ABR et La Samaritaine sont des endroits où j’amène la famille s’habiller. À certains endroits, on sort du commerce avec un gros sac de linge payé 8$. Et les enfants sont contents. D’une part, on achète aussi un peu de linge neuf, comme les bottes ou de chauds manteaux. Je ne veux surtout pas que mes enfants aient froid », explique Noélie.

Pas le choix: fuite commerciale

Reste que l’épicerie fait mal. Samuel et Noélie sortent moins pour économiser l’essence du camion, mais l’épicerie IGA de Rivière-Rouge est maintenant un luxe pour eux. C’est pourquoi le couple achète maintenant chez Maxi ou Super C, à Mont-Tremblant. « On en a plus pour notre budget. Je sais, c’est platte de ne pas acheter local, mais on parle de manger ici. Je n’achète pas un set de cuisine. »

Noélie assure que, malgré sa maladie, elle est à la recherche d’un emploi et que ce n’est qu’une question de temps avant de se lever tôt le matin pour aller travailler. Il en va de même pour Samuel. Mais d’ici là, il faut trimer. Quand on pense que des couples avec trois enfants comme eux touchent environ 1314$, plus la prestation d’allocation famille, notre couple a raison de dire qu’il n’est pas pauvre. Mais quand tu es privé de sorties (pandémie ou non), de petit luxe aussi ridicule qu’un cornet de crème glacée molle, la vie n’est plus aussi rose et facile.

« Je suis optimiste, malgré ma maladie, que l’on va s’en sortir bientôt. On va y arriver ! », conclut Noélie. Combien dans sa situation peuvent en dire autant?

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