Un territoire réconfortant pour le martinet ramoneur

Publié le 25 août 2021 par Isabelle Houle

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Isabelle Houle

Rédactrice en chef | L'info du Nord Sainte-Agathe & Mont-Tremblant | ihoule@medialo.ca

Depuis les années ‘90 et peut-être même avant, l’oiseau menacé qu’on appelle le martinet ramoneur a élu domicile dans la cheminée de l’église de Saint-Jovite. On en trouve également à Labelle et Rivière-Rouge.

Le martinet ramoneur est un oiseau menacé. Historiquement, il nichait principalement dans les troncs d’arbres morts. (Photo gracieuseté Francis Bossé)

Cet oiseau bien particulier à l’allure d’une hirondelle trouve surtout refuge dans les cheminées. Historiquement, il nichait dans les troncs d’arbres morts, mais avec l’abattage massif de ceux-ci, le martinet est devenu rare et s’installe plutôt dans les cheminées pour faire son nid.

« C’est une espèce qui est coloniale, en migration. Elle va utiliser ce qu’on appelle des dortoirs. Quand arrive le moment de la reproduction, c’est une espèce qui va utiliser un site de nidification, dans une cheminée et il y aura un seul couple dans la cheminée. Au cours de juin, juillet et août les couples se forment, recherchent un site pour nicher, construisent leurs nids, etc. Les célibataires et les couples qui ont échoué dans leur nidification retourneront aux dortoirs pour la nuit, mais en petit nombre. Vers la mi-août, tous les martinets migreront progressivement vers leur aire d’hivernage », affirme Michel Renaud, du Club ornithologique des Hautes-Laurentides.

Celui-ci rappelle qu’il a l’habitude de voir arriver les martinets ramoneurs au printemps, autour du 15 mai à Saint-Jovite. « Ce sont des oiseaux migrateurs de très longue distance. Cet oiseau-là nous arrive ici à Saint-Jovite en provenance de l’Équateur, Bolivie et l’Amérique du Sud. Il est dans la partie supérieure du bassin amazonien. Cette année, nous étions présents aux dortoirs les 26 et 30 mai et les 3 et 7 juin. Ainsi, à la tombée du jour du 30 mai, les trois équipes des dortoirs (Saint-Jovite, Labelle et Rivière-Rouge) ont compté un total de 317 individus », explique-t-il.

Plus de 1000 martinets dans nos cheminées

En 2019, il comptait que 128 martinets ramoneurs s’étaient installés à Saint-Jovite. Il rapportait aussi qu’un dortoir avec 216 martinets s’était développé à l’école Le Méandre à Rivière-Rouge ainsi qu’un autre au CLSC de Labelle avec 644 martinets ramoneurs.

« Ils retrouvent chez nous des habitats de reproduction. Il y a en a dans tout le Québec méridional. Ils retrouvent des insectes en quantité suffisante pour élever, avoir une nichée de quatre à six jeunes par année et ils retrouvent les conditions alimentaires. Le Canada est un lieu de reproduction pour des milliards d’oiseaux », affirme M. Renaud.

Tout de même, au Canada, l’espèce serait en décroissance. « Ce sont des baisses de population de 90 à 95% depuis les années ‘70. Ça, c’est dû à quoi? Il y a un débat actuellement sur l’usage des insecticides pour les nuisances de mouches noires et maringouins, mais on n’a pas de preuves. On constate pourtant que tous les insectivores aériens; le martinet ramoneur, les hirondelles et l’engoulevent sont en diminution de l’ordre de 70 à 95% », ajoute-t-il.

On remarque que cet oiseau se plaît dans notre région. L’objectif du Club ornithologique des Hautes-Laurentides est de protéger l’espèce et de lui rendre les lieux accueillants et propices à la reproduction. « Le martinet contribue à notre qualité de vie. S’il disparaît, il va manquer quelque chose dans le ciel de Saint-Jovite! Ils font partie de notre environnement. […] Nous invitons les gens à nous transmettre leurs observations de martinets, particulièrement celles où ils verront un martinet plongé dans une cheminée pour nicher », conclut M. Renaud.

Rappelons par ailleurs que selon le Regroupement Québec Oiseaux, 650 cheminées occupées par le martinet ramoneur sont répertoriées dans la province.

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