Justice rendue pour Jérémy Boileau, mais à quel prix?
Quand Jérémy Boileau retourne à Rivière-Rouge avec un autre orignal que le célèbre monstre de Matane qu’il avait touché par balles avant qu’il ne s’enfuie, il ne sait toujours pas que son guide de chasse Claude Lavoie retrouve l’animal deux jours plus tard afin de s’emparer du panache atypique de 60 pointes avec une scie à chaîne. Il veut le vendre.
Ce n’est que quelques mois plus tard, en février 2012, que le chasseur apprend qu’il a tué la célèbre bête: «À cette époque», il ne s’en cache pas, «j’étais probablement innocent, car je ne savais pas ce que ça voulait dire le mot atypique».
Deux représentants du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du secteur de Mont-Laurier arrivent chez le Riverougeois. Ils sont mandatés par le bureau régional des agents de la faune de Matane suite à l’enquête criminelle qui s’est déclenchée au sujet du panache.
«Ils m’ont questionné et m’ont mis la puce à l’oreille en me disant ce que représentait ce panache et surtout, qu’il était à moi. Je devais le récupérer». Quand Jérémy voit les photos du panache, il comprend.
Récupéré par les mains de la justice, le panache de 60 pointes était conservé dans une voûte à Matane. Claude Lavoie n’avait pas déclaré l’animal aux agents.
Les poursuites judiciaires s’amorcent. Jérémy Boileau réclame 96 000$ au guide Claude Lavoie ainsi que la SÉPAQ qui ne lui remet pas le panache pour autant. M. Lavoie réplique en poursuivant M. Boileau pour 275 000$ pour atteinte à sa réputation.
Ce sera au juge Pierre C. Bellavance de déterminer à qui revient le panache: à celui qui l’a abattu ou celui qui l’a récupéré?
Jérémy Boileau retient les services de Me Daniel Fabien, un amateur de chasse et André Croteau, un journaliste et auteur reconnu dans le monde de la chasse. «Je dois une fière chandelle à Me Fabien. Et M. Croteau travaillait en étroite collaboration avec lui: il connaît bien l’éthique de la chasse et son expertise est reconnue». Le procès se tient en mai 2016.
Souffrir pour récupérer le panache
Avant que le procès touche à son dénouement, quatre années s’écoulent. Pas facile pour le chasseur. «Il n’y a pas une journée où je n’ai pas pensé à ça durant ces quatre ans. C’est très dur mentalement.»
Au procès, Claude Lavoie est représenté par Me Jean-Yves Ménard. Selon Radio-Canada, dans un texte publié sur Internet le 10 mai 2016, «L’avocat Jean-Yves Ménard a tenté de faire valoir que le groupe de chasseurs a finalement abattu un autre orignal le lendemain et qu’il avait donc obtenu ce qu’il était venu chasser.»
Le chasseur estime qu’au procès il était sincère. «Je suis resté moi-même. J’ai dit que je n’ai pas inventé cette histoire».
Le juge tranche au début de septembre. Jérémy Boileau obtient gain de cause et pourra récupérer le panache. Par contre, le juge demande à la SÉPAQ de verser 10 000$ (au lieu de 96 000$). Tout n’est pas fini. La SÉPAQ a 30 jours, depuis le 2 septembre, pour en appeler de la décision. Si rien n’est fait, dès le 2 octobre, Jérémy Boileau devra se rendre à Matane pour récupérer le trophée de chasse qui fait l’envie de plusieurs.
«Au moins, ma cause aura servi à faire bouger les choses du côté de l’éthique: maintenant on récupère les bêtes avec des chiens de sang dans les réserves fauniques du Québec», ajoute fièrement Jérémy. «Et ce panache ne sera pas chez moi non plus!»
La poursuite de Claude Lavoie contre Jérémy Boileau plane encore. Une histoire à suivre.
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