Interruption d’Hydro-Québec : Labelle « pas au courant »

Le 9 décembre 2025 restera en mémoire de plusieurs citoyens de Labelle, qui ont été surpris de se retrouver sans électricité alors que le mercure frôlait les -20 degrés. 

La mairesse de Labelle, Vicki Émard, est catégorique : Hydro-Québec, qui avait planifié l’interruption de ses services pour effectuer des travaux importants, aurait dû repousser à une journée à la température plus clémente. Jointe par téléphone, alors cloîtrée chez elle avec une grippe à soigner, la mairesse en a long à dire à ce sujet. 

« J’ai appris sur les réseaux sociaux le 7 décembre que, le surlendemain, il y avait une interruption planifiée. Rien n’a été communiqué à la Municipalité », déplore l’élue à L’info. Pour elle, le nerf de la guerre, c’est la communication.

Le 9 décembre, la société d’État québécoise a mobilisé plus de 125 camions pour effectuer des travaux de remplacement de poteaux sur 15 kilomètres de son réseau, en plus de revoir son réseau de fils. L’interruption de courant a commencé vers 8 h 15, plongeant instantanément des centaines de foyers dans le froid et dans le noir. Ces travaux, qui avaient été annoncés comme d’une durée de huit heures, auront finalement pris fin vers 22 h 30 dans un secteur de La Minerve.  Les citoyens du secteur de Labelle, eux, n’étaient pas tous au fait des interruptions.  « Quand j’ai appris la nouvelle (…), j’ai appelé Hydro-Québec le lendemain, leur disant que c’était inhumain de couper le courant, surtout pour des gens en situation de vulnérabilité. Mais rien à faire, les travaux auraient lieu le 9 décembre. Puis, en plus, il y a eu quatre reports de fin de travaux en fin de journée », s’indigne l’élue.

Des citoyens mécontents

Puisque la communication semblait faire défaut, ce que réfute d’ailleurs Hydro-Québec à L’info, la direction municipale de Labelle a demandé aux pompiers à la toute dernière minute d’effectuer du porte-à-porte afin d’informer les gens de la situation. Mme Émard affirme que 75 % des foyers de Labelle ont été visités.

Malgré tout, la mairesse a reconnu avoir essuyé de nombreuses plaintes de résidents. Plusieurs citoyens ont aussi manifesté leur mécontentement via les réseaux sociaux.  

« Absolument personne ne remet en cause le projet d’Hydro-Québec, car, si je ne m’abuse, Labelle et La Minerve détiennent le record de pannes de courant au Québec », admet Mme Émard. D’ailleurs, pour plus d’informations à ce sujet, référez-vous au texte de la page 4 de la présente édition. « Il y a des secteurs où le réseau cellulaire n’entre même pas pendant une panne de courant, pas même la LTE, comme c’est le cas chez moi, alors comment joindre tout le monde ? »

Des locaux municipaux bien au chaud

Heureusement, Labelle a ouvert sa bibliothèque afin d’accueillir les citoyens cherchant à se réchauffer, tout comme La Minerve, qui a ouvert son centre communautaire. « Les citoyens sont venus au centre après avoir passé la journée dans la maison au froid jusqu’à la noirceur », explique à ce sujet le maire de La Minerve, Michel Richard. « C’est certain que l’on aurait aimé que la situation se termine dans les huit heures prévues, mais on comprend les difficultés rencontrées par Hydro-Québec ce jour-là. On pense aussi aux employés qui ont travaillé 10-12 heures au froid. » Soulignons que le centre communautaire, comme l’hôtel de ville et la caserne de pompier, est équipé de génératrices.

De son côté, le maire de La Minerve, Michel Richard, est plus serein face à la situation… Peut-être parce que sa population s’avérait prête. En effet, contrairement à Labelle, La Minerve a reçu les informations concernant les interruptions une douzaine de jours avant, ce qui a permis d’aviser les citoyens par tous les moyens possibles. Le maire remarque aussi que les Minervois sont maintenant habitués aux pannes de courant et que la grande partie des résidences sont équipées de génératrices.

Le 17 décembre, une autre interruption planifiée aura lieu pour lesdits secteurs. Les municipalités seront toutefois prêtes cette fois-ci, confient les élus.

Hydro-Québec détaille ses opérations

Hydro-Québec explique la raison ayant mené à une interruption planifiée de ses services à La Minerve et à Labelle le 9 décembre dernier.

« Hydro-Québec réalise un important projet de modernisation du réseau électrique sur sa ligne de distribution JLY-233 dans le secteur du chemin de La Minerve et du chemin du Lac à la Truite. Cette ligne dessert en partie les municipalités de La Minerve, de Labelle et de Nominingue », indique Mélanie Racette d’Hydro-Québec. Cette initiative s’inscrit dans le Plan d’action 2035 de la société.

Ce projet d’envergure, le plus important actuellement au Québec, vise à répondre aux nombreuses pannes de courant survenues ces dernières années. Hydro-Québec affirme que le secteur de Labelle et La Minerve a connu trois fois plus de temps de panne que l’ensemble du Québec, seulement en 2024.

« Les travaux incluront l’implantation d’une combinaison de nouvelles solutions de résilience, telles que des câbles sous enveloppe, dits « recouverts », des poteaux en composite et des équipements automatisés de rétablissement du service. De plus, une portion du réseau sera relocalisée dans des zones accessibles et des efforts de maîtrise de la végétation seront déployés », indique Mme Racette.

Parmi ses solutions innovantes, Hydro-Québec expérimente l’installation d’un fil de garde « sur certaines portions stratégiques du réseau, assurant ainsi une meilleure robustesse face à la végétation, une première au Québec », souligne-t-elle.

Des travaux à l’avant-garde

Selon Mélanie Racette, ces travaux majeurs se déclinent en plusieurs phases, dont la 1^re s’est amorcée à la mi-septembre 2025 sur le chemin de La Minerve. Durant cette phase, près de 120 poteaux en composite seront installés (une première au Québec pour la société d’État), remplaçant ceux en bois, partant de la route 117 jusqu’au pont The Quiet Bridge, qui joint le lac Labelle au lac Alphonse.

Le poteau de composite a une durée de vie de 100 ans et est jusqu’à quatre fois plus résistant que celui en bois, qui a une durée de vie d’environ 65 ans, voire moins à cause des insectes et des oiseaux. Toutefois, le poteau de bois coûte environ 5 000 $ à remplacer tandis que celui de composite coûte cinq fois plus.

Un autre fait intéressant quant à ces travaux, qui se poursuivent dès le 17 décembre, c’est qu’entre chaque poteau de composite, un solide câble d’acier sera tendu afin de soutenir toute végétation qui pourrait y pousser ou y tomber : une autre première pour Hydro-Québec. Enfin, ajoutons que l’on recouvrira le réseau de fils pour mieux les protéger, ce qui fait dire à Hydro-Québec que les pannes de courant dans ces secteurs seront presque inexistantes dans le futur.

« Les prochaines phases du projet seront réalisées dès 2026, avec une extension graduelle des améliorations aux autres secteurs », affirme Mme Racette. Un de ces secteurs sera Nominingue, dont des travaux sont prévus pour le printemps 2026.