À 89 ans, il vient d’abattre son ours
Gérard Therrien revient sur les chasses d’antan
Le Riverougeois Gérard Therrien a 89 ans. C’est un homme qui coupe encore son bois à la hache comme à la scie mécanique. Plus important encore, si l’on peut dire, il va à la chasse régulièrement depuis des décennies. Justement, qu’est-ce qui a changé fondamentalement dans ce loisir qui reste, sans l’ombre d’un doute, le plus vieux de l’humanité?
« Jeune homme, au début des années 60, comme guide dans la région où mon secteur était celui du réservoir Kiamika, j’amenais les Jérolas à la chasse, et même les gros bonnets de Saint-Hyacinthe, comme le maire et le gérant de la banque. À cette époque où le permis de chasse se détaillait à près de 2$, personne ne revenait à la maison les mains vides. Pas plus que l’on ne revient nécessairement bredouille aujourd’hui, mais c’était différent à l’époque. Heureusement, la chasse a évolué depuis », raconte M. Therrien au bout du fil.
Soulignons que Gérard Therrien est le père de Michel, bien connu par ses écrits dans diverses revues de chasse et pêche sans compter les sites Web et les réseaux sociaux. C’est le père qui inculque cet amour de la chasse à ses fils Michel et Carl-Éric. « C’est tellement simple maintenant. J’arrive sur place et pratiquement tout est prêt et arrangé par mes fils. Avant, c’était loin d’être aussi simple, juste pour sortir l’animal du bois. »
Et pourquoi? « Un exemple: Il y a bien longtemps, avant que tu sois au monde, j’étais à l’orignal dans le parc de La Vérendrye [nom du territoire entre 1950 et 1979] avec cinq chasseurs. Chanceux, nous avions eu notre animal. Mais comparé à aujourd’hui, où il y a des chemins partout dans les bois et l’utilisation de VHR permet facilement le transport des gros animaux, à l’époque, il fallait trainer l’animal à bout de bras jusqu’au chemin principal, parfois loin de points de chasse. On avait cinq orignaux. C’est pratiquement une farce aujourd’hui. Imagine, dans le temps, si quelqu’un avait dans le bois un chemin à un kilomètre du chemin principal, il était chanceux sans bon sens. »
Battue et « call »
La chasse à l’orignal, remarque Gérard Therrien, a beaucoup évolué pour les gens de sa génération. Parmi les changements, il y a celui de « caller » l’animal. « Avant, on le callait de la même façon. Aujourd’hui, on peut pratiquement tenir une conversation avec lui, dit-il en riant. Ça fait toute une différence, crois-moi. »
Qu’en est-il de la chasse aux cerfs de Virginie? « Je vois une grosse différence dans la chasse au chevreuil maintenant: on les chasse à la pomme et aux carottes pour les mener à notre cache. Ma génération faisait des battues ou de la chasse fine. Pour la battue, on plaçait des hommes où le chevreuil allait passer puis l’on envoyait les bêtes vers les tireurs, souvent en aboyant pour les diriger vers eux. Ça, c’est chose du passé. »
Voué à la chasse
Aujourd’hui, à l’heure où Gérard Therrien raconte à L’info qu’il a déjà son ours pour cette saison, il vit quelques minutes dans la nostalgie. L’homme déplore que l’on ne prenait pas beaucoup de photos « dans le temps ». « Personne ne trainait son appareil, ou rarement. C’est tellement facile aujourd’hui avec le cellulaire. »
Gérard Therrien en a tellement à raconter que son fils Michel a texté le journaliste pour être certain que l’on n’oublie pas de détails importants sur son père. Au sujet des photos, il souligne qu’antérieurement, « pour prévenir le braconnage, la Loi obligeait les chasseurs à bien exhiber la capture, d’où en partie, le phénomène des bêtes sur les véhicules et il y avait aussi des chasseurs plus fiers que d’autres au retour. Les chasseurs eux-mêmes ont demandé que ce règlement change au point de vue de l’image projetée. »
Au sujet des accomplissements de son père, Michel Therrien ajoute ceci. « Cet homme a quand même réalisé beaucoup dans ce domaine, notamment en donnant des cours nationaux de maniement d’armes à feu durant plusieurs années, tout en devenant directeur de l’association de chasse et pêche qui, malgré la population limitée, comptait un nombre de membres impressionnant! Finalement, son implication pour l’abolition des clubs privés est notable. Cet homme a mon respect nonobstant le fait que ce soit mon paternel! »
Voilà. On pourrait parler des fusils de chasse, des meilleurs endroits de chasse, ce n’est pas la conversation qui manque avec M. Therrien.
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