Hausse des tarifs douaniers : quels impacts pour la région ?
Entrevue avec Ariel Retamal de Laurentides international concernant les impacts de la menace de hausse des tarifs douaniers de la part du gouvernement américain sur l’économie régionale.
« C’est clair qu’il y a une perte de compétition directe », admet d’emblée Ariel Retamal, directeur général et commissaire à l’exportation pour Laurentides international. « S’il y a des annulations de commandes de la part des Américains, la production va être diminuée pour retrouver l’équilibre avec la demande, ce qui peut entraîner des pertes d’emploi. » Plus les ventes des entreprises se font aux États-Unis, plus « c’est une réalité qui va frapper fort », affirme-t-il. « L’incertitude fait en sorte que tout le monde est en attente. Les clients commencent déjà à mettre des commandes sur pause et ça amène des ralentissements. »
Des inquiétudes fondées
« Il y a une vraie préoccupation. Ce n’est vraiment pas drôle. On le voit dans le nord, il y a des gens qui sont très préoccupés. Les exportateurs vivent les retombées directes. Les commandes perdues, ça ne commence pas dans un mois ni dans un an, c’est maintenant que ça se passe », poursuit M. Retamal. Sans se vouloir alarmiste, il estime que des entreprises feront sans doute le choix de déménager leurs activités aux États-Unis. « Ce n’est pas une tempête comme les autres qu’on est en train de vivre aujourd’hui (…) On est sur le long terme. Malheureusement, c’est là pour rester. »
« La Banque du Canada vient de dire que ça peut induire une récession nord-américaine. À ce moment-là, ça touche tout le monde », explique Ariel Retamal. Il est formel : « Dans une guerre commerciale, il n’y a pas de gagnants. »
« Dans une guerre commerciale, il n’y a pas de gagnants. » -Ariel Retamal
Les secteurs particulièrement affectés
« Dans le secteur forestier, on est habitués d’avoir des cycles, des moments où ça va moins bien et d’autres où ça va bien et où on récupère les années perdues. Par contre, quand on parle de 25%, c’est un chiffre important. Ça va avoir un impact. On va voir rapidement que ça ne va pas bien. Ça peut affecter aussi toutes les entreprises qui dépendent de la production et de la vente du bois aux États-Unis. On peut par exemple penser aux camionneurs, qui auront moins de travail », avance M. Retamal. « L’autre grand secteur, c’est l’aéronautique. C’est sûr qu’il va être impacté, parce que c’est un secteur qui est très intégré avec le marché américain. On voit déjà un impact majeur sur le volume des exportations des Laurentides. » La transformation alimentaire est également un des secteurs économiques importants de la région. « Un tarif de 25% sur des produits d’épicerie, c’est certain que ça les rend très peu compétitifs pour les acheteurs et les consommateurs », mentionne M. Retamal. « Bien sûr, l’achat local va aider les entreprises à passer à travers. Il va falloir que tout le monde prenne conscience de l’importance que ça a. »

Ariel Retamal.
« Les commandes perdues, ça ne commence pas dans un mois ni dans un an, c’est maintenant que ça se passe. » -Ariel Retamal
La nécessité de diversifier les marchés
« Je comprends qu’à court terme, on veut sauver les emplois. Il va y avoir des programmes, le gouvernement du Québec et du Canada sont en train de travailler sur cet aspect-là, mais ça reste une solution temporaire. Pour quelque chose de plus durable, il faut aller vers la diversification des marchés et sur l’innovation », affirme le directeur général de Laurentides international. « On prône beaucoup la diversification des marchés, justement pour être moins dépendants du marché américain. Il est devenu imprévisible, c’est une réalité. »
« Bien sûr, la diversification des marchés à l’exportation, ça nous fait sortir de nos zones de confort. On ne peut pas faire fi de la géographie, c’est vrai que les États-Unis sont à côté de nous, par contre pour réduire notre dépendance à ce marché-là, il faut commencer à regarder pour faire des affaires ailleurs au Canada et ailleurs », avance M. Retamal. Il ajoute, optimiste : « Parmi les entreprises de la région qui ont décidé de diversifier leurs marchés, on a de bons exemples. Ils sont moins affectés actuellement par toute la morosité parce qu’ils ont d’autres solutions. »
Une stratégie qui ne tient pas la route
« La façon dont les tarifs sont imposés par les États-Unis actuellement est injustifiée. Les raisons invoquées ne passent pas la rampe », estime Ariel Retamal. « Ce qu’on sait par contre que Trump semble vouloir faire, c’est de se servir des tarifs douaniers pour aller chercher des fonds qui permettront de donner des réductions d’impôts (…) On s’imagine très bien qui va bénéficier de ces réductions ! Tout ça me fait croire que cette stratégie est trop lourde, en plus du fait que toute la rhétorique n’a pas de sens. »
À propos de Laurentides international
Laurentides international est un organisme régional promouvant les exportations par de la formation en marché international et par la prestation de service-conseil à l’export depuis près de 30 ans. Dans le contexte actuel a propulsé Laurentides international à lancer son Opération prospérité Québec – Laurentides, qui vise à regrouper des solutions afin d’accompagner et soutenir concrètement les PME exportatrices des Laurentides. Pour de plus amples informations : www.laurentidesinternational.com/opql
Voir plus de : Actualités
17 M$ pour le comté de Labelle
La députée de Labelle, Chantale Jeannotte, annonce au nom de la vice-première ministre et ministre des Transports et de la …
Un succès pour la campagne Centraide chez Saputo
Cette année encore, la campagne Centraide à l’usine Saputo a été une réussite. Les employés se sont largement mobilisés, et …
Michel Allard parle d’églises laurentiennes dans une série télévisée
La série " La Route des clochers ", télédiffusée sur " nousTV Laurentides " (Cogeco), est un concept original de …