Grandir en pleine nature
Les Hautes-Laurentides, un paradis écoéducatif
La région des Hautes-Laurentides constitue un endroit de rêve pour l’intégration de principes écoéducatifs dans les écoles et les milieux de garde. C’est du moins ce qu’en pense Cinthia Randlett, éducatrice à la petite enfance et spécialiste de la pédagogie par la nature. L’info a discuté avec elle afin de démystifier cette tendance qui gagne rapidement en popularité à travers la province.
La pédagogie par la nature (PPN) ou l’éducation par la nature (ÉPN) est une approche éducative, voire une philosophie, qui utilise l’environnement comme principal support d’apprentissage. Elle invite les enfants à explorer librement des espaces extérieurs non aménagés comme la forêt, à stimuler leur créativité à travers le jeu libre, à développer des compétences pratiques (utilisation d’outils, jardinage, etc.) et à vivre des expériences immersives en plein air. Cette pédagogie, dont les bienfaits sont maintenant reconnus par le ministère de l’Éducation et les instances nationales, favorise le développement global de l’enfant tout en cultivant la sensibilité écologique et des valeurs de coopération.
La popularité croissante de cette approche scandinave dans nos écoles et nos garderies ouvre la porte à une remise en question collective quant à notre vision de la réussite, de l’apprentissage et de l’épanouissement des enfants. Afin d’amorcer cette réflexion, L’info s’est entretenu avec Cinthia Randlett, spécialiste de la pédagogie par la nature résidant à Lac-des-Écorces. En plus de cumuler plus de 15 ans comme éducatrice à la petite enfance, Mme Randlett fait partie des 30 diplômées de la première cohorte de spécialisation en Écoéducation de la nature du Cégep de Rivière-du-Loup. L’ouverture du programme, au début de la pandémie, aurait suscité l’intérêt de plus de 200 personnes lors de la période d’inscriptions, ce qui témoigne de l’intérêt des intervenants du milieu en la matière. Cette formation aura permis à Cinthia Randlett de profiter des enseignements de plusieurs experts, incluant ceux de Gabrielle Gagnon et Julie Filiatrault, deux des figures de proue de l’éducation par la nature au Québec.
La région idéale
La richesse et la vaste étendue du territoire des Hautes-Laurentides se prêtent merveilleusement à l’application des principes de l’éducation à la nature, selon Cinthia Randlett. Elle en fait le constat chaque jour depuis l’ouverture de son milieu de garde en août dernier, où les enfants ont un accès continuel à la forêt, à un grand jardin et à une cabane à sucre.
Afin d’amener d’autres milieux et organismes du coin à intégrer des principes écoéducatifs, Mme Randlett offre fréquemment des conférences et des ateliers où elle partage son quotidien en tant qu’éducatrice spécialiste en ÉPN. « Il y a un beau mouvement vers cette tendance dans la région », affirme-t-elle. « Beaucoup de milieux appliquent déjà les principes sans le savoir. » D’après Mme Randlett, cette ouverture à la pédagogie par la nature est d’autant plus importante puisqu’elle fait partie des préoccupations de la nouvelle génération de parents : « L’écologie fait partie des valeurs des parents d’aujourd’hui. C’est à nous, le milieu, de nous adapter à cette réalité-là. »
Des bienfaits qui ne sont plus à prouver
Diminution des comportements sédentaires, de l’obésité et de la myopie, effets positifs sur le système immunitaire et sur le développement cognitif et langagier, réduction du stress, de l’hyperactivité et des problèmes de comportement, diminution des problématiques de santé mentale une fois à l’âge adulte… Les bienfaits de l’ÉPN sont multiples et concrets selon le guide de référence de l’Association Québecoise des CPE (AQCPE), qui a été étoffé grâce à de nombreuses études menées à travers le monde. On observe aussi chez les enfants une empathie, une créativité et une originalité accrues ainsi qu’une meilleure compréhension de concepts abstraits comme celui de la mort.
Les principes de l’éducation par la nature en bref
Selon le cadre de référence de l’AQCPE, l’éducation par la nature repose sur 8 grands principes. Parmi eux;
Une autre vision du temps :
« Lentement, souvent, régulièrement, longtemps et en tout temps » sont les mots d’ordre, qu’il s’agisse du temps alloué à l’exploration, à l’immersion ou au jeu.
Un lieu riche en biodiversité et en matériaux libres et polyvalents :
Un accès à un lieu naturel qui présente des caractéristiques diverses (plan d’eau, dénivelés, potager) et à des matériaux sans usage prédéfini pour le jeu amenant à user d’imagination (rondins, branches, plumes, tissus récupérés) sont préconisés.
La prise de risque acceptable :
L’éducatrice aide les enfants à évaluer les dangers et à avoir confiance en leurs moyens. Elle offre un environnement sécuritaire qui permet toutefois de se dépasser, et où la prise de risques acceptables est encouragée.
À lire sur le même sujet : Le rêve de Cinthia Randlett
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