La fête de San Jeronimo
Par Gérard Coderre
Taos Pueblo, probablement le village indien le plus connu du Nouveau-Mexique, situé à une centaine de kilomètres de Santa Fe, souligne la fête de son saint patron, saint Jérôme, le 30 septembre.
Il faisait froid en cette journée d’automne à Taos Pueblo. Pourtant les hommes du village étaient au rendez-vous dès l’aube, et ce, malgré la pluie, sur la grande place devant cet édifice emblématique en adobe de plusieurs étages en terre crue plus que millénaire et toujours habité même si on n’y trouve ni électricité ni eau courante.
Le jour de la fête, uniquement vêtus d’un pagne, et souvent pieds nus, le corps peint en noir et blanc de la tête aux pieds, les hommes pueblos parcourent en courant, un à la fois, la rue qui traverse la grande place du village, en poussant des cris de guerriers pendant que les femmes, emmitouflées dans leurs châles aux couleurs chatoyantes, debout sur les différentes terrasses de cet édifice emblématique qui surplombe la place, y vont de cris gutturaux qui sont autant de signes d’encouragement. La course terminée, les hommes font le tour de la grande place, recueillant au passage les friandises que leur lancent les femmes, faisant de ces célébrations une fête qui se situe quelque part entre l’Halloween, le Thanksgiving et la fête foraine. Des dizaines d’artisans représentant les différents peuples autochtones de la région sont également au rendez-vous faisant de cet événement une grande foire artisanale.
En après-midi, les chifonettis, des clowns vêtus d’un pagne, le corps peint de rayures horizontales noires et blanches et coiffés de gerbes de paille, se mêlent à la foule. On fait des cabrioles, on fait peur aux enfants, on pousse, idée de s’amuser un peu, des ados dans le cours d’eau qui arrose le village et on se lance à l’assaut des kiosques d’artisans comme des voleurs, ne laissant d’autre choix aux vendeurs de cacher leurs produits pour ne laisser à ces clowns malveillants, idée d’attirer leur attention, que quelques friandises, fruits, etc. qu’ils vont emmagasiner dans des sacs comme si tout leur était dû.
Puis, clou de cette fête, les chifonettis se retrouvent sur la grande place au pied d’un mât qui fait 25 mètres et en haut duquel on a accroché des sacs de victuailles et la carcasse d’un mouton. Un premier chifonetti réussit à se hisser en haut du mât, puis un deuxième.
Le moment était d’autant plus intense que le ciel s’était assombri en fin de journée, la pluie avait repris de plus belle et tonnerre et éclairs venaient ajouter une touche dramatique à ce grand rendez-vous autochtone.
Nota: Il est strictement interdit de prendre des photos à Taos Pueblo pendant la fête de San Jeronimo. Il n’y a aucune photo de cette fête sur le Web.
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