Le pont couvert Victor-Léonard
À l’époque de la colonisation, une rivière représente un obstacle important dans la marche des pionniers. Des chalands, communément appelés « traverses de bacs » facilitent le passage des colons sur les quelques rivières de la région. À Saint-Jovite, la Diable et ses nombreux méandres forment une barrière naturelle à l’ouest du village. En 1888, un premier pont couvert est érigé reliant les actuelles rues de la Rivière et de la Diable.
Une chronique de Philippe Aubry
Les ponts couverts sont l’œuvre de nos ancêtres. Habitués à construire des bâtiments agricoles et des maisons, ils utilisent des méthodes similaires pour fabriquer des ponts de bois. Au Québec, il y en a eu plus de 5000 autrefois. De nos jours, rares sont les survivants à témoigner de cette période. Dans les environs, le pont Prud’homme vient de célébrer ses 106 années d’existence le 11 novembre dernier. Le pont Victor-Léonard à Saint-Jovite est bâti selon le même principe : la structure de bois repose sur ses murs, appelés « fermes », qui sont recouverts de planches, d’où l’appellation de « pont couvert ». Le toit protège la chaussée, faite également en madriers. Ce pont passait par la terre de Victor Léonard, terre acquise en 1907. Il était vital pour la région étant situé sur le chemin principal de la colonisation, le rang 5, plus ou moins la rue de Saint-Jovite aujourd’hui.
Par la suite, le réseau des routes nationales suivra le tracé des anciens chemins dans les années 1920. Dans les Laurentides, la célèbre Route 11, inaugurée en 1926, passait par le rang 5 et donc par le pont Victor-Léonard dès son ouverture. C’est tout un honneur pour cette traversée, puisque la célèbre route nationale sera immensément populaire.
Dans les années 1920, les automobiles sont rangées pour l’hiver, car les routes ne sont pas déneigées. Toutefois, on neigeait l’intérieur du pont pour permettre aux carrioles de l’emprunter. L’ouverture du Mont-Tremblant Lodge en 1939 change la donne pour toujours en provoquant l’augmentation de la circulation automobile considérablement. Joe Ryan rêve en effet de voir sa clientèle fréquenter son complexe touristique en voiture et investit des fonds pour le déneigement de la Route 11. Comme le vieux pont couvert a été conçu pour faire traverser piétons et voitures à cheval, l’automobile menace son existence. En 1949, le gouvernement du Québec fait construire l’actuel pont en béton de la rue de Saint-Jovite. Désormais, la Route 11 voit son tracé modifié et le vieux pont Victor-Léonard est relégué aux oubliettes. Il est vendu et démantelé et de nos jours, il ne subsiste aucune trace de cette ancienne traversée.
En encadré
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