« Sur les routes du monde avec Gérard Coderre »
La Timkat (Éthiopie)
Gérard Coderre, résident de Saint-Adolphe-d’Howard, a visité plus de 150 pays avec son sac à dos. Passionné de voyages, de traditions et de découvertes, il adore parler de ses aventures. Chaque mois, il partagera des souvenirs avec les lecteurs de L’info.
Le marché de Gondar bat son plein. Le va-et-vient incessant de centaines de tuk-tuk est étourdissant. La Timkat, la fête de l’Épiphanie qui a lieu en janvier, est l’une des plus importantes de l’Église orthodoxe en Éthiopie et on s’y prépare de pied ferme.
La veille de la fête, les tabots, les répliques sacrées des dix commandements remis par Dieu à Moïse sur le Sinaï et dont chaque église a une copie et que personne ne peut voir, comme c’est le cas de l’original d’ailleurs qui se trouverait à Aksoum au nord de l’Éthiopie, sont recouvertes d’un tissu précieux pour être à l’abri des regards et déposées sur la tête d’un officiant pour être transportées hors des églises dans le cadre d’une procession de quelques kilomètres qui se termine aux bains Fasiladas. C’est le seul moment de l’année que l’on sort les tabots des églises.
Précédé de quelques chars allégoriques tirés manuellement et reprenant les thèmes de l’Arche d’alliance, le cortège est composé de prêtres et de diacres vêtus de robes cérémoniales, du porteur du tabot et des porteurs de croix et de parasols aux couleurs flamboyantes représentant le ciel. Puis, au fur et à mesure que le cortège avance dans la ville, les représentants d’autres églises viennent grossir les rangs. La foule se fait de plus en plus dense. Musique, tambours et chants, ponctués par les youyous des femmes, ces cris de joie saccadés et aigus que l’on entend dans cette région du monde, ajoutent à l’ambiance. Une fois aux bains Fasiladas, certains y passeront la nuit.
Les bains, un grand réservoir habituellement vide, a été rempli d’eau pour l’occasion, car la Timkat célèbre non seulement la reconnaissance de Jésus par les rois mages, mais aussi le baptême du Christ. Au lever du jour, une fois l’eau bénite, on asperge les milliers de fidèles vêtus d’un chama blanc, alors que les plus téméraires plongent littéralement dans le réservoir, idée de symboliser le renouvellement de leur baptême.
Plus tard en matinée, le cortège reprend le chemin du retour toujours avec la même ferveur. Une fois de retour en ville, les tabots retrouvent leur place dans les différentes églises. Les fidèles, enveloppés dans leur traditionnel chama blanc, se dispersent pour poursuivre les célébrations chacun chez soi.
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