Les candidats de Labelle offrent un débat musclé aux électeurs
Par Simon Dominé. Alors que leurs chefs se sont affrontés à trois reprises à la télévision, les candidats aux élections provinciales dans le comté de Labelle les ont imités le 18 septembre à l’Espace Théâtre de Mont-Laurier, lors d’un débat radiodiffusé assez relevé.
Pendant une heure et demie, les candidats ont répondu aux questions des journalistes de CFLO FM et du Courant des Hautes-Laurentides, mais aussi à celles des représentantes de la Chambre de commerce de Mont-Laurier et de la Corporation de développement communautaire des Hautes-Laurentides (CDCHL). Pour chaque thème abordé, une période de débat de dix minutes était organisée. Au programme: économie locale, environnement, santé et projet de société. Le débat s’est ensuite poursuivi à micro fermé avec la centaine de personnes présente sur place.
L’équipe du Courant a également cherché, suite au débat, à départager le vrai du faux dans certaines afirmations des candidats. Les cas de Gabriel Dagenais, Chantale Jeannotte et Sylvain Pagé ont été scrutés.
Lors du débat, grâce au modérateur Luc Rajotte, Sylvain Pagé du Parti Québécois (PQ), Chantale Jeannotte de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Gabriel Dagenais, de Québec solidaire (QS) se sont partagés de façon plutôt égale le temps de parole qui leur était offert. Nadine Riopel, du Parti libéral du Québec (PLQ), est quant à elle intervenue de manière beaucoup plus ponctuelle dans les échanges.
Sylvain Pagé attaque Chantale Jeannotte
Alors que le PQ doit se battre sur deux fronts pour conserver son électorat, Sylvain Pagé n’a pas déstabilisé le candidat de QS. Exemples concrets en mains, il a plutôt ciblé la caquiste Chantale Jeannotte, qui représente le plus grand danger pour lui et le PQ dans Labelle.
C’est lui qui a ouvert la boîte de Pandore qu’est le dossier de la route 117, réclamant des engagements clairs de la CAQ, qui iraient au-delà de la simple promesse d’accélérer le processus. Énumérant la poutine administrative dans laquelle le projet doit passer avant d’être réalisé, il a demandé à Mme Jeannotte si elle allait réussir par magie à «passer par-dessus ça».
Député de Labelle depuis 17 ans, M. Pagé a pris le pari durant cette campagne d’incarner quand même «le changement» que semblent réclamer les Québécois. Il a dû défendre son propre bilan, tout en montrant que sur les thèmes de l’environnement, de la santé et de la justice sociale, le PQ avait de l’ambition.
Sa proposition d’instaurer un salaire maximum au Québec a d’ailleurs fait bondir Mme Jeannotte. «C’est comme si c’était péché d’être riche au Québec!, s’est-elle étouffée. J’en reviens pas de ce que je viens d’entendre là! Ça là, je tombe en bas de ma chaise! (…). Là, ça suffit les partis de gauche, il faut relancer l’économie!»
M. Pagé avait-il toutefois besoin, pour discréditer son adversaire caquiste, de rappeler que Mme Jeannotte n’habitait pas à temps plein la circonscription?
Chantale Jeannotte mitraille Pagé
Face à M. Pagé, qui n’en est plus à son premier débat, la stratégie de la candidate de la CAQ était-elle la bonne? Le lendemain, elle en doutait elle-même. «(…) hier, je m’y suis très mal prise dans le débat», a-t-elle en effet reconnu. Même si le PLQ et QS ont essuyé quelques tirs de sa part, c’est à Sylvain Pagé que Mme Jeannotte s’en est prise.
Elle l’a notamment accusé de faire de la démagogie, d’être carriériste et, en plus, de ne pas avoir occupé de fonction importante sous le gouvernement Marois («Avez-vous été ministre en 17 ans?»).
«M. Pagé ne peut rien faire pour la pisciculture (de Lac-des-Écorces, ndlr), a-t-elle lancé en exemple. Pour la simple et bonne raison qu’il est dans l’opposition. (…). Et il va y rester encore!»
Comme l’a répété son chef lors du dernier débat à TVA, le message de la CAQ dans Labelle est le même que partout au Québec: pour chasser les libéraux et espérer se faire entendre à Québec, il faut choisir le parti de François Legault. Reste à voir maintenant si la manière de Mme Jeannotte de se présenter comme une alternative crédible au député sortant aura été payante pour elle.
Promenade de santé pour Gabriel Dagenais
Comme les commentateurs politiques l’ont souligné, Manon Massé a pris du galon. Le constat est le même pour Gabriel Dagenais, qui avait déjà porté les couleurs de QS dans Labelle il y a quatre ans. Le solidaire s’est habilement faufilé entre le PQ et la CAQ pour porter son message avec humour, autodérision et une pointe d’ironie qu’il a su lancer au bon moment et qui n’a épargné aucun de ses adversaires.
Tandis que M. Pagé et Mme Jeannotte se chicanaient sur la 117, Internet haute vitesse ou la pisciculture, M. Dagenais a adopté un ton calme pour mettre de l’avant ses propositions en passant à l’offensive là où ses adversaires ne semblaient pas l’attendre: sur la question de l’économie. Ses clins d’oeil aux entrepreneurs et au milieu forestier étaient évidents.
«Plutôt que de mettre à dos le développement économique et le respect de l’environnement, on reconnaît qu’il y a une opportunité pour une grande innovation, une consolidation de plusieurs secteurs économiques», a-t-il lancé en rappelant que QS «se distingue sur la question environnementale». Il a rappelé que les changements climatiques sont «l’enjeu le plus important» du siècle. «On prend la situation très au sérieux», a prévenu le solidaire.
Quand Mme Jeannotte a martelé que ça prenait un député du bon côté pour obtenir des gains dans la région et que la candidate libérale a dit qu’il fallait «avoir un pied dans la boîte», sa réponse a été cinglante: «C’est cette vieille politique-là, hyper partisane, qu’on veut remettre en question»!
Nadine Riopel presque invisible
Complètement dans l’ombre des trois autres débatteurs, Nadine Riopel a eu beaucoup de difficulté à défendre le bilan du gouvernement Couillard et à émettre des propositions concrètes pour Labelle. Embrouillée, elle a bien affirmé être «une écolo de première» quand les échanges ont porté sur l’environnement, mais elle n’est pas allée plus loin que les bonnes intentions.
En santé, elle a réussi à rappeler que le comté avait reçu des investissements significatifs au niveau de l’hôpital de Mont-Laurier par exemple, pour aussitôt convenir qu’il fallait en faire plus.
Lorsque le débat sur la hausse du salaire minimum à 15$/h est arrivée sur la table, c’est là qu’elle a été la plus claire sur ses positions: «(…) c’est sûr que ça va nuire aux PME premièrement et je me demande si ça ne va pas encourager le décrochage scolaire».
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