Transport adpaté
Plus de 5h de transport pour un usager du TACL
Seriez-vous prêts à passer 5h dans l’autobus pour faire le trajet Saint-Sauveur- Mont- Blanc 2 fois par semaine ? C’est pourtant ce que doit vivre Adam Grondin Lalande depuis l’automne alors que des changements ont été apportés dans le mode de gestion des routes au Transport adapté collectif des Laurentides (TACL).
Adam Grondin Lalande a 29 ans. Le résident de Mont-Blanc vit avec une déficience intellectuelle et un trouble du spectre de l’autisme. Sa condition fait en sorte qu’il ne peut rester seul à la maison sans compromettre sa sécurité. Adam a l’habitude de se rendre tous les lundis et mardis à Saint-Sauveur pour participer à des ateliers thérapeutiques qui l’aident à se développer et se sentir mieux au quotidien. « Il veut faire comme les adultes dans son entourage. Pour lui, se rendre à ses activités, c’est comme aller au travail. Il y côtoie des amis, il se sent utile », témoigne, Marie-Isabelle Grondin qui s’occupe seule de son fils.
Comme Mme Grondin doit se rendre à Sainte-Agathe tous les jours pour le travail, le transport adapté est la seule solution viable pour permettre à Adam de rendre à ses activités. « Dans sa condition, chaque petit changement qui déroge de sa routine est une énorme source d’angoisse. La dernière fois c’est plus de 3h qu’il a passé dans l’autobus, juste pour le retour. C’est comme s’il était pris en otage, c’est inacceptable », soutient Mme Grondin.
Pas un cas isolé
Selon Sophie Dion, directrice de l’Association des personnes handicapées intellectuelles des Laurentides (APHIL) de Sainte-Agathe où Adam se rend aussi pour des activités, des délais supplémentaires dans les trajets sont chose courante depuis l’implantation du nouveau système au TACL cet automne. » On est encore là-dedans aujourd’hui, ça fait 45 minutes que les usagers attendent et l’autobus n’est toujours pas parti », commente-t-elle.
Si on en croit les observations de Mme Dion, les nouveaux délais provoquent beaucoup d’anxiété parmi la clientèle de l’APHIL.
« Ils ne comprennent pas ce qui se passe. Ils croient qu’on les a oubliés. Je me mets à la place d’Adam. Trois heures pour me rendre à la maison, c’est quelque chose que je n’accepterais pas. »
-Sophie Dion, directrice de l’APHIL
Stéphane Lachaine travaille depuis le début des années 2000 dans le domaine du transport adapté. En tant que sous-traitant pour le TACL, il constate que le système est toujours en période de rodage. « Maintenant que j’ai accès au système, je peux modifier des trajets quand ce n’est pas optimal. On a eu des problèmes au début, mais ça s’en vient de mieux en mieux », observe-t-il. Pour le gestionnaire, le cas d’Adam est particulier, puisqu’il demeure à un endroit plutôt éloigné de son activité. « C’est sûr que parfois on nous ajoute du monde et ça allonge la route, pour Adam qui est parfois plus de deux heures avec nous, ça peut être long » concède-t-il.
Des solutions possibles ?
Le nouveau système utilisé par le TACL permettrait d’avoir plus de données et d’améliorer le service sur le long terme. Sa mise en place a nécessité 8 mois de travail avec les fournisseurs pour minimiser les impacts sur les usagers. Malgré tout, la directrice générale du TACL, Marie-Claude Beaudet confirme que des délais sont occasionnés par la transition du nouveau système avec lequel les répartiteurs, tout comme les usagers qui sont encore en période d’ajustement. « Maintenant, avec le nouveau système d’exploitation qui se fait de manière automatique et non plus à la pièce, il est vrai qu’il (Adam) passe plus de temps dans le transport, ceci afin de ne pas occasionner un détour de 40 min à tous les autres passagers de l’autobus […] Nous sommes toujours à l’écoute et avons proposé quelques solutions possibles qui dépendent de leur décision personnelle », a-t-elle répondu à l’Info.
Obtenir de l’aide
Marie-Isabelle Grondin confirme avoir été en contact la compagnie de Transport adapté collectif des Laurentides qui lui a proposé des pistes de solutions. Parmi ces propositions, on suggérait notamment de retirer Adam de son activité du lundi pour l’inscrire à une activité plus près de chez lui. On a aussi proposé de laisser Adam à un arrêt d’autobus adapté pour une durée approximative de 30 min. « Cette solution est trop anxiogène pour mon fils. Il a déjà été oublié plus d’une fois et débarqué au mauvais endroit. Il vit de l’anxiété lorsqu’arrive l’heure du départ, ce n’est pas acceptable dans sa condition».
À la fin janvier, celle-ci mentionnait avoir discuté avec le chef de service du CISSSL au sujet des suggestions du TACL concernant le cas d’Adam. « Nous étions d’accord que les solutions proposées présentement par le transport adapté (TACL) n’étaient pas adéquates », mentionnait-elle avant de préciser qu’elle assumait pour l’instant le transport d’Adam.
De son côté, le CISSSLAU confirme avoir été mis au courant de certains enjeux logistiques au TACL. « Nous sommes conscients de l’importance du transport adapté pour nos usagers. C’est pourquoi nous nous assurons de collaborer avec les différents partenaires assurant le transport pour leur signaler les problématiques vécues par la clientèle. Nous nous faisons également un devoir de participer activement à la recherche de solutions afin de soutenir les usagers face à ces problématiques », mentionnait la conseillère en communication pour le CISSSLAU, Juliette Lacasse.
Une suite
La directrice générale du TACL, Mme Beaudet, rappelle que bien qu’il s’agisse d’un service essentiel, le TACL est un service de transport collectif et non un service de transport individuel. « Nous pensons que le pire est derrière nous, on voit vraiment une belle évolution », ajoutait-elle.
Quant à Marie-Isabelle Grondin, la maman présentement découragée et à bout de ressources dit avoir abandonné ses démarches auprès du TACL et du CISSL pour obtenir de l’aide. « Je vais mettre mon énergie à demander des fonds aux diverses fondations pour lui payer un taxi », ajoutait-elle avec espoir.
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