Ne laissez pas tomber les maraîchers
Après deux années records, les maraîchers vivent une situation de plus en plus difficile, avec une baisse d’achalandage dans les marchés et du nombre d’abonnements aux paniers bio, alors que l’offre reste disponible.

« Pendant la pandémie, il y avait comme un engouement, le gouvernement encourageait les Québécois à acheter dans les fermes locales et on sentait vraiment le soutien de la population, parce qu’en même temps, la population avait peur de manquer de légumes, mais la pandémie est finie. Donc, sans aucun soutien du gouvernement et de la population, c’est comme si maintenant, on a plus peur de manquer de légumes », explique Véronique Bouchard, maraîchère de la Ferme aux petits oignons située à Mont-Tremblant.
Effectivement, au cours de ces deux dernières années, de nombreux Québécois ont acheté fruits et légumes par le biais d’abonnements de paniers bio proposés par les maraîchers du Réseau des fermiers·ères de famille (RFF), ce qui permet de soutenir l’agriculture biologique de proximité.
Une baisse de 12%
Pour répondre à l’augmentation de la demande qui a été de plus de 50% entre 2019 et 2021, plusieurs maraîchers ont ainsi investi dans leur production. Seulement, cette solidarité s’est dissipée au point où des membres du Réseau enregistrent une baisse significative provinciale d’abonnements d’approximativement 12%, voire 40% pour certains.
« Si on veut une résilience alimentaire dans une communauté rurale, il faut soutenir les fermes, pas juste en temps de crise. On est chanceux à la Ferme aux petits oignons, on a quand même une base très solide d’abonnés et je sais qu’ils vont se réabonner d’année en année », indique la maraîchère à qui il manque tout de même 20% pour atteindre son objectif d’abonnements.
« Ce qui est triste dans cette situation-là, c’est qu’il y a plusieurs fermes qui ne survivent pas à 2022 parce qu’une ferme maraîchère, c’est beaucoup de charges variables, nos dépenses c’est des salaires, de la main-d’œuvre, des semences, du compost, et ces charges là, se planifient des mois à l’avance », ajoute-t-elle.
« J’ai 100 % de main-d’oeuvre locale et 56 % de mes charges, ce sont des salaires. Donc, 56 % de ce que les gens dépensent, pour moi, c’est de l’argent mis dans les poches des travailleurs locaux qui vont redépenser» – Véronique Bouchard, maraîchère de la Ferme aux petits oignons.
Voyages et inflation
Les voyages seraient un des facteurs de cette baisse, car certains ne préfèrent pas s’abonner alors qu’il « existe tout un système où les gens peuvent prendre des vacances de leur panier ». Véronique Bouchard ajoute que depuis l’année dernière, il est possible d’acheter un panier d’essais, ou à la carte, « pour voir comment la formule fonctionne et après ça, ils peuvent décider de s’abonner. »
Une autre raison avancée par les consommateurs concerne l’inflation. « Toutes les études qui comparent les prix des aliments avec l’augmentation du prix de l’essence montrent que les aliments locaux sont plus que jamais compétitifs », indique la maraîchère. Effectivement, le prix des paniers est décidé en hiver et reste identique tout au long de la saison, peu importe l’inflation. De plus, il est possible de trouver des arrangements pour étaler les paiements.
« Le message que j’aimerais envoyer à la communauté aujourd’hui, c’est: continuez à acheter chez vos fermes locales! On est là pour vous nourrir, mais on ne pourrait pas pratiquer une agriculture diversifiée avec une main-d’œuvre locale dans un climat comme le nôtre sans votre soutien. Venez faire un tour à la ferme, inscrivez-vous aux paniers, venez faire votre épicerie au marché et on va traverser ces moments difficiles ensemble, avec résilience », espère Véronique Bouchard.
Plusieurs maraîchers dans la région des Laurentides proposent des paniers bio, il est possible de retrouver la liste complète ainsi que les formules d’abonnements sur le site de fermierdefamille.com

Malgré une augmentation de 50%, de nombreux maraîchers font face à une baisse significative du nombre d’abonnements aux paniers bio, menaçant ainsi la pérennité de leur exploitation. (Photo : Jean Ladouceur)
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