Matières résiduelles
Safari poubelles à la Régie intermunicipale des déchets
Québec investit des sommes considérables afin que la matière organique qui emplit la moitié des poubelles soit valorisée et non plus enfouie. Visite d’un lieu qui ne veut plus être un dépotoir.
La poubelle se vide. Québec injecte 1,2 G$ sur 10 ans dans sa Stratégie de valorisation de la matière organique. On veut extraire à tout prix des vidanges ce qui se décompose. Vider la poubelle des matières responsables de l’émission d’environ 4,55 millions de tonnes d’équivalent CO2 par année. Pelures de bananes, pain moisi et os de poulet doivent devenir compost. C’est dans ce cadre que la Régie intermunicipale des déchets de la Rouge (RIDR) a appris qu’elle allait bénéficier d’une aide supplémentaire pour son projet d’agrandissement du site de compostage. L’heure du safari poubelle a sonné.
« Les biogaz sont composés à au moins 50% de méthane. Si on les envoie dans l’atmosphère, c’est 21 fois plus nocif que le gaz carbonique. Donc on les brûle. C’est sûr qu’on fait du CO2 mais on pollue quand même moins. » La guide de l’expédition est Rose-Marie Schneeberger, spécialiste en gestion des matières résiduelles à la RIDR. Au volant de son véhicule qui n’a rien d’un gros VUS polluant, elle emprunte la route qui longe une colline herbeuse d’où sortent à intervalles réguliers des tuyaux de captation de gaz.
Oh my God
Le choc opère au détour de ce coteau, devant ce que Rose-Marie appelle une cellule vide. Un immense trou rectangulaire bien propre, prêt à être rempli. « Quand on regarde une butte, comprendre la quantité c’est difficile, convient-elle, mais quand on regarde ça, d’en bas à en haut, on se dit Oh my God. » Des goélands opportunistes s’envolent alors qu’un camion-benne s’apprête à vider son contenu.
Plus loin, une montagne de matelas. « En 2018, c’était autour de 10 000 matelas, explique-t-elle par-dessus le bruit de l’air climatisé, c’est l’enfer. » Un recycleur de Montréal les prend tous et récupère 95 % de leurs matériaux. Rose-Marie souligne que la Régie paye pour ce service. Le site appartenant aux municipalités, ce sont elles qui ont décidé de ne plus enfouir cette quantité astronomique de matelas. Un tel volume, ce serait une histoire à dormir debout.
Le gigantesque bassin de rétention entouré d’une clôture, il faut se l’imaginer au printemps, bien plein. L’eau captée sur le site d’enfouissement se retrouve ici, avant d’être acheminée vers une série de bassins où une magie bactérienne opère. À la fin de son périple, cette eau passe à travers un filtre composé de copeaux de bois puis, propre et analysée par un laboratoire indépendant, elle rejoint la rivière.
Compostage
« Un des très très rares sites de compostage fermés au Québec. C’était une exigence des municipalités afin de contrôler les odeurs », déclare la spécialiste. Dans la cour, aucun effluve de décomposition.
Le processus de compostage est expliqué. Les matières organiques collectées sont d’abord broyées, puis on y ajoute des copeaux de bois. Le mélange est entassé dans des cellules fermées. Tantôt aéré, tantôt arrosé, le compost en devenir se réchauffe de lui-même. « À 65-70oC pendant des semaines, ce qui est très chaud, cela permet d’éliminer la grande majorité des mauvaises herbes et des virus. Ce qui nous donne un compost de nature industrielle. »
Le site de compostage sera bientôt agrandit. Aux 15 municipalités qui y acheminent déjà leurs bacs bruns s’ajouteront bientôt 9 autres. L’espace pour la maturation du compost manquera, alors une sorte de dalle de béton sera construite. L’annonce d’investissement massif de Québec en matière de valorisation des résidus organiques est arrivée pile pour la Régie. La subvention de 600$/tonne est passée à 800$. Sans entrer dans les détails, on parle d’un bonus de plus de 200 000$. Une très bonne nouvelle.
La RIDR, qu’il est possible de visiter en groupes sous réservation, c’est 16 000 tonnes de déchets et 2500 tonnes de matières organiques par année.
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