Manque de transparence
Des syndicats dénoncent la politique d’« omerta » du CISSS
Trois syndicats représentant des travailleurs de la santé des Laurentides dénoncent le manque flagrant de transparence du CISSS dans sa gestion de la crise de la COVID-19. Deux d’entre eux dénoncent par ailleurs l’« omerta » exigée dans certains départements.
À la fin avril, les médias révélaient qu’une consigne formelle avait circulé au sein du CISSS de Laval: on exigeait des employés qu’ils relaient toute demande des médias au service des communications et qu’ils ne dénoncent publiquement aucune situation qu’ils jugeaient alarmante.
La ministre de la Santé, Danielle McCann, a déclaré par la suite que de telles demandes étaient inacceptables et que les employés devaient tenir le public au courant de la réalité qu’ils vivaient sur le terrain afin qu’on puisse mieux gérer la crise actuelle. « Il n’y a plus d’omerta, avait-elle alors affirmé. C’est une crise humanitaire qu’on vit. On veut avoir cette information-là. »
Il semble cependant que cet « omerta » se soit maintenue au CISSS des Laurentides, du moins de façon officieuse. Selon la présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) des Laurentides, Chantal Daoust, la situation ne serait pas généralisée, mais existerait bel et bien dans certains départements.
« Certains gestionnaires font du zèle, a-t-elle répondu prudemment. On sait qu’il y a certains secteurs où c’est dangereux pour nos membres de parler, ils mettent en jeu leur carrière s’ils le font. C’est pour ça qu’ils passent par nous, pour qu’on alerte les médias et la population en montrant leur réalité. »
Une direction passive
Le représentant de la Fédération des infirmières du Québec (FIQ) dans notre région, Denis Provencher, dénonce lui aussi cette « omerta ».
« Avant même la crise de la COVID-19, il y a des années, le CISSS a adopté une politique interne de communications. En gros, ça dit de ne pas parler en-dehors du travail de ce qui se passe sur les lieux de travail. Je comprends dans le cas où on ne doit divulguer aucun renseignement personnel, sur nos patients ou sur nos gestionnaires. Mais je sais qu’il y a des chefs de département qui s’en servent pour empêcher carrément quelqu’un de décrire sa réalité au travail et le menacer de congédiement s’il parle », soutient-il.
« Le problème, c’est qu’on n’a pas de preuve formelle de ça, parce que ça se passe verbalement et les ressources humaines du CISSS nient que ça arrive. »
-Denis Provencher
M. Provencher prétend d’ailleurs avoir soulevé le point le 5 mai, lors d’une rencontre avec les ressources humaines. Il leur aurait rappelé les propos de la ministre McCann et leur aurait demandé s’ils les endossaient. « Je n’ai pas eu de réponse, affirme-t-il. Ils ont « joué à l’innocent » et ils ne se sont pas engagés à intervenir là-dessus. »
Chantal Daoust, de l’APTS, confirme que la direction du CISSS fait preuve de « neutralité » dans ce dossier. « Je pense que la direction le sait, que ça arrive dans certains départements, mais qu’elle n’agit pas », reconnaît-elle.
Un son de cloche différent
Il faut cependant spécifier que du côté des préposés aux bénéficiaires et du syndicat les représentant au CISSS des Laurentides, on dit qu’il n’y a pas ce genre d’omerta. « J’ai 6400 membres et personne ne m’a parlé d’une situation où on lui avait interdit de parler aux médias, déclare le président de la STTLSSS-CSN, Dominic Presseault. Il ne semble pas y avoir ici de consigne comme on a pu en voir à Laval. »
Il reconnaît toutefois que « la transparence du CISSS pourrait être mieux, au niveau de la fluidité, de la circulation de l’information. » Il déplore notamment qu’on le laisse dans le flou sur l’évolution de la situation dans certains centres où il y a eu éclosion de COVID-19. L’APTS et la FIQ partagent la même opinion.
« J’ai des échos de mes membres qui travaillent 12 jours d’affilée, qui sont dans des résidences où il manque d’équipement. Le CISSS ne nous tient pas au courant », confirme Chantal Daoust.
« On n’a pas reçu en date d’aujourd’hui [6 mai] la liste de nos membres que le CISSS a déplacé vers d’autres résidences où il y a des besoins pour traiter la COVID », ajoute Denis Provencher.
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