Coupes forestières: sabotage du potentiel acéricole?
Alors que les Hautes-Laurentides semblent vouloir se lancer dans le développement massif du potentiel acéricole de nos forêts, certains élus et producteurs sont inquiets des coupes qui se déroulent dans les Hautes-Laurentides. Texte de Gabrielle Brisebois - Le Courant
Richard Radermaker a une érablière dans le secteur de Rivière-Rouge, près du lac de la Haie, 33 000 entailles, 129 000 livres de sirop. Acériculteur depuis plusieurs années, il s’inquiète des coupes d’érables qui auront lieu derrière son érablière l’hiver prochain, entre le lac et le réservoir Kiamika. Selon lui, ces coupes pourraient annihiler un potentiel acéricole de plusieurs centaines de milliers d’entailles: « Ce sont des coupes de 30 à 33% avec une marge d’erreur de 10%. Ça détruit complètement la possibilité d’entailler et ça peut prendre de 40 à 50 ans avant de retrouver un potentiel acéricole intéressant. Dans les régions productrices de sirop d’érable comme le Bas-du-Fleuve, la Beauce ou Chaudière-Appalaches, quand le ministère fait des coupes, le but ce n’est pas de couper un pourcentage, le but c’est de préserver le potentiel acéricole. C’est ça le problème ici. On ne planifie pas les coupes en prévision de préserver le potentiel. »
Selon M. Radermaker, qui a déjà dénoncé la planification de coupe auprès des différentes instances gouvernementales, cette planification viole la loi sur les forêts, « la loi sur les forêts les oblige à exploiter la forêt à perpétuité, en préservant la pérennité, donc il ne faut pas qu’ils récoltent plus que ce que la forêt produit, mais ce n’est pas ce qui se passe. Actuellement, ce n’est pas ce qui se passe, ils coupent beaucoup trop en pourcentage et les rotations sont trop rapprochées. »
Des élus inquiets
Il n’y a pas que les acériculteurs qui montrent leur inquiétude face à cette situation, Normand Saint-Amour, maire de Chute-St-Philippe, a mentionné au Journal que le nombre d’érables en terres publiques entourant sa municipalité avait drastiquement chuté durant les dix dernières années. Selon lui, il serait primordial de protéger au moins les corridors de proximité, en d’autres mots, les endroits qui ont un potentiel acéricole et qui sont facilement accessibles pour entailler.
M. Saint-Amour croit que les Hautes-Laurentides ont beaucoup à gagner à développer leur potentiel acéricole, puisque, selon ses dires, un érable coupé au moulin rapporte 25$, tandis qu’un érable entaillé en rapporte 8$ par année, un chiffre qui s’additionne chaque année et assure rapidement une meilleure rentabilité.
Pour Martin St-Pierre, directeur de l’approvisionnement chez Commonwealth Plywood Ltd, un érable coupé vaut bien plus que quelques dizaines de dollars: « Un arbre en forêt publique, ç’a une valeur, oui pour l’industriel qui va le transformer, mais ç’a une valeur aussi pour l’État parce qu’on va lui payer un droit de coupe et ç’a une valeur pour la société parce que ça fait travailler du monde. »
Monsieur Saint-Pierre a confirmé qu’il y aurait des coupes effectuées sur le territoire adjacent au lac de la Haie cet hiver par Commonwealth Plywood. Cependant, il a mentionné que les arbres coupés étaient sélectionnés par les experts du ministère et que l’entreprise ne s’occupait que de la coupe. « Dans les règles au Québec maintenant, c’est comme ça que ça fonctionne, la gestion, la planification, et toutes les décisions sont faites par le ministère. Nous, ce qu’on fait par la suite, on doit planifier les infrastructures et la coupe. C’est des coupes partielles où on va chercher des arbres ciblés qui sont rendus à maturité, puis la forêt n’est pas détruite. »
Alors que M. Radermaker et M. Saint-Pierre parlent tous les deux de coupes de 30% à 33%, la marge d’erreur estimée passe de 10% à 5% lorsque l’on aborde le sujet avec le directeur d’approvisionnement. « D’ordre général, c’est maximum 5% la marche d’erreur qui est causée par le passage de la machinerie forestière dans le secteur. Il faut parfois couper des arbres qui ne sont pas marqués pour permettre à la machinerie d’avancer. Si on n’atteint pas ça, on est pénalisé. D’ordre général, je vous dirais qu’on atteint les critères à 95%, on est en deçà de la tolérance qui nous est accordée », estime-t-il.
Au ministère
Le journal a contacté le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs pour savoir de quelle manière les coupes étaient déterminées et si le potentiel acéricole était pris en compte lors de la planification. Line Caron, responsable des communications pour la région, a tenu à préciser que « le MFFP a des discussions avec certains intervenants régionaux concernant le développement de la filière acéricole dans les Laurentides. Cette initiative, comme tout projet de diversification des usages, est bien perçue par le Ministère. »
Cependant, Mme Caron ajoutait que « Ce ne sont pas toutes les érablières des Laurentides qui pourront faire l’objet d’un développement acéricole. Afin de coordonner les différents usages de la forêt, le MFFP croit que la table de gestion intégrée des ressources et du territoire, qui regroupe les principaux utilisateurs de la forêt publique, devrait identifier les endroits de production prioritaire et suggérer des mesures d’harmonisation. »
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