André Breton a rédigé Arcane 17 à Sainte-Agathe-des-Monts
Parmi les grands livres surréalistes écrits au cours du 20e siècle, il y a Arcane 17. Son auteur, le poète et théoricien du mouvement surréaliste, André Breton, a rédigé l’essentiel de l’œuvre lors de son passage au Québec : tout d’abord à Percé, puis à Sainte-Agathe-des-Monts. L’histoire brève d’un livre important...
Ce poème objet hermétique occupe une place importante dans le corpus influent du surréalisme. Il se veut l’aboutissement d’un genre inventé par Breton (1896-1966), soit la symbiose de l’autobiographie, la poésie, le romanesque et la réflexion.
Le 24 mars 1941, à 48 ans, celui que l’on surnomme le pape du surréalisme, André Breton, quitte la France vers les Amériques afin d’échapper aux vexations du régime de Vichy, accointé avec le régime d’Adophe Hitler. Très tôt, il donne un cycle de conférences sur le surréalisme et consacre de l’énergie à la Voix de l’Amérique, une radio francophone de New York diffusant des nouvelles de la mère patrie. Il s’en va à New York en juillet 1941.
Lors d’un congrès botanique en France le 11 mars 1944, il rencontre le critique littéraire québécois Louis-Marcel Raymond qui lui suggère de venir au Québec. Breton et sa nouvelle compagne Élisa Claro (1906 – 2000 – rencontrée le 9 décembre 1943), rêvant de cueillir des agates sur les plages de Percé, Coin-du-Banc et L’Anse-à-Beaufils, acquiescent.
Le voyage d’ici
En août, le voyage New York – Montréal en autocar est long et pénible. Dans un environnement francophone montréalais, le couple flâne dans la métropole, parcourt les librairies, avant de partir faire de même à Québec. Le 17 août 1944, c’est le départ en train vers Percé où le couple séjourne du 20 août au 21 septembre à l’hôtel La Normandie, le premier, puis dans l’une des trois cabines du Havre au 114, route 132 Ouest. Aujourd’hui une plaque sur un rocher devant l’établissement salue son passage et l’écriture du livre. Breton commençait son travail d’écriture vers 6h, et ce, jusqu’à midi, dans son petit cahier « Canada » de 48 pages. En après-midi, lui et Élisa allaient cueillir des agates avec l’exilé François Rozet, de la Comédie Française, la sculptrice gaspésienne Suzanne Guité et le peintre Alfred Pellan. Avec Rozet, il découvre l’arche rocheuse et surtout l’île Bonaventure et les… agates.
Direction Sainte-Agathe-des-Monts
Après son séjour gaspésien d’un mois, de retour à Montréal, l’auteur souhaite écrire la version définitive de son livre dans un endroit calme. Rozet lui suggère quelques villages des Laurentides. Sans doute pas indifférent à l’homophonie, il choisit Sainte-Agathe-des-Monts et quitte Percé le 21 septembre 1944, il y a 80 ans. Malheureusement, rien ne transpire de ce séjour dans la région. On sait que le couple fréquentait le chalet Cochand à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Des photos de totems, que l’on voyait sur le terrain, ornent une page du manuscrit original. Dans le texte, il mentionne les Laurentides une seule fois et rien ne transpire du nom de Sainte-Agathe-des-Monts (si l’on fait exception de la signature « Percé – Sainte-Agathe 20 août – 20 octobre 1944 »).
Début novembre, il retourne à New York pour l’impression du livre, chez Bretano’s, qui sortira en décembre 1945 à 325 exemplaires. À son retour parisien, Breton écrit un appendice (ajours).
Le séjour de Breton à Sainte-Agathe-des-Monts est oublié. Il n’y a sans doute plus personne qui peut témoigner de son passage, si bref fût-il. Selon des recherches, le dernier qui avait peut-être quelque chose à ajouter sur le séjour était le peintre québécois et ami à vie de Breton, Jean Benoît. Ce dernier est décédé le 20 août 2010. Mais où exactement habitait André Breton à Sainte-Agathe-des-Monts?
À retenir sur l’auteur
Aujourd’hui, on trouve de multiples éditions d’Arcane 17, en plusieurs langues, dont un facsimilé de 100 exemplaires introuvables signés par la fille de l’auteur, Aube Breton-Elléouët. Quant au cahier « Canada », il a un destin suréminent : en avril 2003, lors de la vente de l’atelier André Breton, il fut préempté par le gouvernement français pour la somme de 1 140 264.83 $. Le cahier d’écolier « Canada », le plus important.
Soulignons que Breton avait pour amis proches, à un moment ou l’autre, Picasso, Magritte, Dali, Éluard, Char, Pérêt, Man Ray, Duchamp, Tzara, Crevel, Trotsky et Riopelle.
Son livre à l’étude, le Manifeste du Surréalisme, un texte est classé parmi les trésors nationaux français, a 100 ans le 15 octobre 2024.
Qu’est-ce que le surréalisme dites-vous? André Breton définit le surréalisme ainsi : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ».
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