Le loup de l’Est est-il vraiment établi dans les Laurentides?
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELFP) demande aux usagers de la forêt de collecter des échantillons biologiques (fèces, poils et tissus musculaires) dans toutes les régions du Québec. Pourquoi ? Entre autres, pour identifier la présence du loup de l’Est dans les Laurentides. On en décompte moins de 3 %.
Le projet de collecte vise à la compréhension de la répartition des différents groupes génétiques de canidés et de leur niveau d’hybridation.
L’info avait deux questions à ce sujet. Daniel Labonté, relationniste de presse au MELFP a répondu par voie de courriel.
En quoi la disparition non souhaitée de l’animal pourrait-elle affecter le milieu dans lequel il évolue ?
« Dans l’état actuel des connaissances, il est impossible de confirmer qu’il existe une population établie de loups de l’Est au Québec. Nos connaissances indiquent qu’il y a des individus appartenant au groupe génétique du loup de l’Est, mais ces occurrences sont rares et dispersées spatialement. Compte tenu du fait que l’habitat est de bonne qualité et que les proies sont abondantes, la disparition du groupe génétique n’est pas appréhendée. »
« Ceci dit, il existe des populations de loups (appartenant à d’autres groupes génétiques : loup boréal et loup gris) présents sur le territoire. Nos données indiquent que les populations de loups sont en bonne santé : l’espèce est commune et les populations sont stables, voire en augmentation dans certains secteurs. Selon les connaissances actuelles, tous les groupes génétiques de loups ont le même rôle écologique. En tant que grands prédateurs, l’ensemble des groupes génétiques de loups contribuent notamment à l’équilibre des écosystèmes limitant la croissance des populations de cervidés (cerf, orignal). Considérant que le groupe génétique du loup de l’Est ne représente que 6 % des loups, c’est la présence de l’ensemble des groupes génétiques qui assure le maintien du rôle écologique du loup.»
Aider son gouvernement
Quelles sont les démarches entreprises par le ministère pour le protéger dans les Laurentides ?
« La récente désignation du loup de l’Est par le gouvernement fédéral a été réalisée en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Il s’agit d’une démarche fédérale que le gouvernement du Québec suivra de près. Dans l’état actuel des connaissances, il est impossible d’établir qu’il existe une population établie de loups de l’Est au Québec, du fait de leur rareté (3 % des échantillons de grands canidés analysés selon Mainguy et coll. 2017) et de leur grande dispersion sur le territoire, et ce, même dans les Laurentides. De plus, il est impossible de différencier les loups de l’Est des autres canidés à partir de traits physiques (ex. : coloration du pelage, taille ou structure du squelette). Or, pour pouvoir mettre en place des mesures de protection, il faut pouvoir identifier la population que l’on souhaite protéger et circonscrire le territoire utilisé par celle-ci. »
« Les premières étapes sont donc d’acquérir les connaissances sur sa présence et sa répartition. C’est pourquoi le ministère amorce un projet visant à collecter des échantillons biologiques (fèces, poils et tissus musculaires) dans toutes les régions du Québec. […] », conclut M. Labonté.
Qui souhaite de plus amples informations sur les grands canidés sauvages, prière de consulter l’étude Mainguy à : tinyurl.com/bdd2r4vf.
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