Labelle se mobilise pour la sauvegarde de son vieux couvent
Ce fut une surprise pour les Labellois à la lecture d’une demande de démolition d’un immeuble à caractère patrimonial. Il s’agit de l’ancien couvent de la Nativité-de-Marie sur la rue du Couvent. Une convocation publique, publiée sur la page Web de la municipalité et sa page Facebook, en a fait sourciller plus d’un.
La convocation se lisait comme ceci.
« Le Comité de démolition tiendra une séance publique, le jeudi 11 juillet 2024 à 18 h 30 à la salle Wilfrid-Machabée située au 2e étage de l’hôtel de ville situé au 1, rue du Pont à Labelle. Au cours de cette séance, le comité doit statuer sur la demande de démolition 2024-017 et rendre une décision. La demande, si elle est accordée, aura pour effet d’autoriser la démolition totale du bâtiment principal sur le lot 5 010 286 situé au 17, rue du Couvent. Toute personne pourra être entendue lors de cette séance. »
Soulignons d’emblée que la Municipalité de Labelle n’est pas propriétaire du bâtiment, ce qui place le propriétaire privé avec le choix de le vendre ou non. Le nom de l’actuel propriétaire est sous le couvert d’informations confidentielles en vertu de la Loi sur l’accès à l’information et la protection des renseignements personnels.
C’est qui touche les gens, c’est plutôt le projet d’un promoteur en voie d’acquérir le bâtiment, Mathieu Thomassin. Ce denier projette la revalorisation du CLSC, et les autres services dans le bâtiment actuellement, dans un nouveau bâtiment dont l’allure est déjà bien visible sur une affiche sur le terrain du couvent.
Réaction
L’info suit le dossier et la page Facebook du Comité des citoyennes et citoyens de Labelle (CCCL) est l’endroit désigné pour tâter le pouls des citoyens sur le sujet. Le président du CCCL est François Labelle, L’info s’est entretenu avec lui, demandant quelle fut la réaction première du comité à la lecture de la convocation.
« On s’en doutait qu’un jour ça pouvait arriver. Le bâtiment est vieux, pas bien entretenu, nous dit-on, car il n’y a que le premier étage qui est utilisé. Mais le bâtiment est beau, pas parce qu’il est vieux, mais, dès que l’on met les pieds dedans au 1er étage, c’est super », déclare M. Labelle.
Sur la page Facebook du comité, les gens souhaitent une solution durable pour maintenir le vieux bâtiment bâti vers 1905. À la MRC des Laurentides, le bâtiment est à son patrimoine bâti, son intérêt patrimonial classé moyen, mais sa valeur patrimoniale est considérée comme forte.
« Nous ne savons pas du tout comment ça fonctionne pour la protection du patrimoine, les lois et les règlements, et même les aides financières. Nous sommes pressés par le temps pour trouver les informations sur ces sujets. »
De toute évidence, les citoyens veulent redonner un autre souffle à ce bâtiment.
« Là, l’urgence, c’est de donner d’autres options au Comité de démolition. Nous avons appris que Québec a pris la décision que les citoyens doivent être consultés avant la démolition de vieux bâtiments comme c’est le cas ici », poursuit François Labelle.
Au patrimoine
Parmi les options, celle de mettre le bâtiment officiellement au patrimoine. « Il n’a jamais été protégé », souligne-t-il. « Ça serait une première étape. Puis, peut-être, faire une pause sur le projet afin d’évaluer toutes les autres options. D’ailleurs des personnes qui s’y connaissent nous ont déjà contactés, eux ayant déjà travaillé sur des projets semblables. »
Dans les démarches, d’ici le 11 juillet, le CCCL souhaite que la Municipalité lui permette de consulter les documents liés à ce projet. Sans compter que l’on prépare une rencontre virtuelle avec les citoyens quelques jours avant ce 11 juillet.
La mairesse et le promoteur
Vicki Émard, mairesse de Labelle, n’a pas hésité à discuter de l’avenir de l’ancien couvent de Labelle tout comme le nouveau, ou futur propriétaire, Mathieu Thomassin.
La mairesse explique d’emblée qu’une municipalité ne souhaite jamais être dans une telle position dans un tel dossier, celui de trancher sur l’avenir d’un bâtiment patrimonial, car l’émotion est à fleur de peau pour tous, politiciens comme citoyens. Mais où se situe Labelle dans tout cela, elle qui n’est nullement propriétaire du vieux bâtiment, le couvent de la Nativité-de-Marie, sur la rue du Couvent, érigé vers 1905?
« Précisons qu’il y a une loi sur le patrimoine culturel, sur l’aménagement et l’urbanisme qui exige depuis 2020-2021 d’avoir un règlement sur la démolition. ce qui veut dire que si quelqu’un veut démolir un bâtiment plus vieux que 1940, il doit faire une demande de démolition à la municipalité et elle doit passer par le comité de démolition qui est régie par les lois et par le règlement de la Municipalité », explique l’élue.
Ce qui est le cas dans l’actuel sujet. Elle poursuit.
« C’est aussi comme n’importe quel projet. Le promoteur, qui a démontré son sérieux, qui a fait beaucoup de modification selon nos règlements, qui a analysé la situation de notre territoire, qui a fait les modifications et qui croit que le projet est viable pour la communauté, là, sa demande est officialisée et présentée au comité de démolition, qui est composé de trois conseillers municipaux ».
Vicki Émard tient à souligner que le comité, tout comme la Municipalité, « agira en toute transparence dans ce processus.»
« On va se le dire, il n’y a personne qui veut voir le bâtiment démoli, personne, même sur le conseil. Mais il n’appartient pas à la Municipalité, il est au privé. »
Quand on demande à l’élue si elle a visité le bâtiment, outre le 1er étage (le CLSC et autres services), elle répond qu’elle a vu le 3e étage et le spectacle n’est pas beau, pas entretenu depuis des années, des infiltrations d’eau partout, soulignant qu’il en coûterait une fortune pour remettre le bâtiment au complet en bon ordre.
« Nous au conseil, on souhaite qu’un mécène très sérieux arrive vite pour sauver l’actuel bâtiment. D’ici là, la politique entourant ce projet sera respectée », conclut Vicki Émard.
Présent
Le futur propriétaire, Mathieu Thomassin (tout va dépendre de la décision du comité de démolition) sera présent le 11 juillet, date de la rencontre citoyenne au sujet de la démolition du couvent. À L’info, il avoue comprendre les inquiétudes de la population, mais tient à la rassurer.
« On va quand même bien faire les choses avec les interlocuteurs, car déjà nous avons fait un tour de roue d’importance avec la SDE des Laurentides, la MRC des Laurentides, la députée Chantale Jeannotte, avec le CISSS des Laurentides, le conseil municipal de Labelle… On a présenté le tout pour s’assurer que les gens comprennent bien », indique celui qui dit faire de l’immobilier dans le domaine de la santé. Des lettres d’appuis au projet sont aussi dans ses mains.
M. Thomassin explique que son projet en est un de santé publique, et non à caractère immobilier. La population de Labelle, souligne-t-il pourra profiter d’un CLSC neuf. Dans le grand bâtiment, on y trouvera aussi des logements pour les travailleurs de la santé qui œuvrent dans le CLSC oui, mais aussi à l’hôpital de Rivière-Rouge afin d’éviter les bris de services.
M. Thomassin explicitera le projet pour la grande partie de la rencontre et répondra aux questions de l’audience.
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