Philippe Paul: dans le vrai District 31
Il a œuvré durant 28 ans comme policier au District 31 de Montréal. District 31: de la réalité à la fiction est le troisième livre de l’enquêteur au SPVM à la retraite qui brosse un portrait réaliste du métier, parfois cru, mais nécessaire. Impossible de ne pas trouver des références à la télésérie à succès du même nom.
En entrevue téléphonique, Philippe Paul, qui est aussi président de l’Association des propriétaires au Lac-Labelle à Labelle, explique pourquoi il a écrit ce livre. « Plusieurs me parlaient de la série District 31 que j’ai regardée et j’ai eu le goût de faire un parallèle avec le vrai District 31. J’y ai trouvé plusieurs comparaisons entre la réalité et de la série de fiction télévisée. J’ai donc écrit plusieurs anecdotes réelles du district et j’ai même pu comparer certains personnages de la série à des personnages réels, comme lorsque je parle d’un collègue policier corrompu et le rôle que tenait Patrice Godin dans la série. Ce collègue, après ses heures de service, utilisait son arme pour menacer ses victimes dans le but de les agresser sexuellement. On peut dire que c’est une malheureuse comparaison. »
Infiltration
Au fil de ses 28 ans de service, y a-t-il une assignation qui l’aurait marqué plus qu’une autre? « À mes débuts, j’ai été assigné à l’escouade des stupéfiants au sein du 31 dans le quartier Côte-des-Neiges. Ça m’a permis d’entrer à l’intérieur du monde interlope de ce secteur multiculturel. J’étais confronté, à l’époque, avec le crime organisé jamaïcain qui gérait le trafic de stupéfiants et j’ai dû m’infiltrer à plusieurs reprises auprès de certains de ces réseaux parfois pour me procurer des stupéfiants, mais surtout comme enquêteur qui dépêchait des agents doubles pour faire des transactions. Il a fallu user d’ingéniosité et se mettre dans leurs souliers quand on sait que ces réseaux avaient leur propre fonctionnement et qu’il fallait les débusquer. C’était un beau défi en début de carrière. »
Les premières fois
Vous mettez aussi le doigt sur vos « vos premières fois » parce qu’elles ont marquantes? « Qu’on parle du premier décès, du premier corps retrouvé putréfié, du premier meurtre, mais aussi de la première fois où l’on doit aviser les proches d’un drame, c’est marquant. Mais je me rappellerai toujours du 6 décembre 1989 où j’ai été le premier policier arrivé sur les lieux de la Polytechnique. C’était assez pénible de voir des gens qui meurent dans tes bras… Une personne c’était déjà trop, mais 14, c’était encore pire. »
Qu’on se le dise, on n’appelle jamais la police quand ça va bien. Mais quand on est témoin de choses horribles ou inimaginables, comment fait-on pour passer à travers? « Il faut être capable de mettre un paravent entre les deux. Il y a Philippe Paul le policier, mais aussi le citoyen après son quart de travail. On pense pouvoir mettre tout ça derrière nous, mais ce n’est pas aussi simple. Encore aujourd’hui, il n’y a pas une journée où je ne pense pas aux victimes de la Polytechnique, au fait que si j’étais arrivé quelques minutes avant, certaines vies auraient peut-être pu être sauvées. »
L’autre devoir du policier
Le rôle du policier n’en est pas qu’un pour arrêter des criminels. Les forces de l’ordre sont souvent dépêchées sur les lieux d’une catastrophe naturelle. « Durant la tempête de verglas, j’ai été dépêché pendant un mois sur le terrain, autant à Montréal que sur la rive Sud, et c’est là que j’ai vu ce que pouvait avoir l’air la misère humaine alors que les gens ont manqué de courant pendant plusieurs semaines en essayant par toutes sortes de moyens très dangereux de se chauffer avec des BBQ ou des chandelles. »
Le livre se lit comme un roman et est truffé d’anecdotes qui parfois donnent froid dans le dos. Philippe Paul travaille présentement sur un prochain ouvrage où il traitera, comme dans une enquête, des pensionnats autochtones et des tombes anonymes qu’on a trouvées récemment dans plusieurs sites au Canada.
District 31 : de la réalité à la fiction, Éditions Druide, 187 pages.
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