Véronique Durand, taxidermiste passionnée
Établie à Chute-Saint-Philippe avec son conjoint et ses deux enfants, Véronique Durand exerce un métier aussi singulier qu’intrigant : celui de taxidermiste.
En parallèle à un emploi à temps plein, celle plus connue sous le nom de L’Empailleuse s’adonne à la taxidermie depuis maintenant 6 ans. Tout a commencé lorsque son conjoint lui a appris les rudiments du tannage : « Je trappais des lièvres pour la viande, et je trouvais ça poche de jeter les peaux et de gaspiller. J’ai commencé à tout garder, à faire bouillir les crânes… C’est sûr qu’au début, ça me faisait bizarre. Je prenais beaucoup de temps pour dépecer. »
Malgré tout, ça a été un coup de foudre instantané : « Je suis tombée en amour. Je me disais : “C’est fou comme on peut transformer un animal, utiliser chaque partie et lui redonner vie”. J’ai tout de suite su que c’est ce que je voulais faire dans la vie, alors j’ai foncé. »
« J’ai toujours été vraiment fascinée par la biologie. Si je recommençais ma vie, je deviendrais coroner ou médecin légiste. » — Véronique Durand
Question de savoir-faire
Face à un manque de ressources locales, Véronique Durand s’est d’abord tournée vers internet. « Mes premières peaux ressemblaient à du carton », se souvient-elle avec humour. « J’ai fini par découvrir quelqu’un à Mont-Tremblant, Mathieu Paquette de Fourrure Jackalope. Je suis allée travailler avec lui pendant 4 ans et j’ai beaucoup appris. » La taxidermie et le tannage font partie de ces métiers dont les secrets et le savoir-faire se transmettent principalement de maître à élève ; Mathieu Paquette a lui-même appris auprès de Michel Séguin, ancien propriétaire de Fourrure Jackalope.
Un processus complexe
L’atelier de Véronique Durand, aménagé dans une cabane de pêche sur son terrain, est divisé en de multiples stations : « J’ai mon tonneau pour nettoyer les peaux avec du bran de scie, mon écharneuse, mes bains, mes bébittes, plusieurs gros congélateurs et du rangement. C’est le bordel ! », explique-t-elle en riant.
Pour le processus de tannage, elle commence par l’enregistrement de l’animal auprès des autorités compétentes. « Ensuite, je vais le dépecer, retirer les os et enlever le plus possible de chair et de cartilage et je dépose les os dans les insectes. » Puis, on plonge le tout dans une solution de picklage très acide afin de tuer toutes les bactéries avant d’utiliser une solution à l’alun, qui permet à la peau de s’assouplir et de résister au temps.
On procède ensuite au graissage : « J’utilise de l’huile à tannage, mais il existe aussi une méthode traditionnelle qui consiste à utiliser la cervelle de l’animal. » Puis, pour l’étape finale : « On laisse sécher et on passe la peau dans des tonneaux avec des poids pour la travailler et briser les fibres. Ce n’est vraiment pas évident ! »
En ce qui concerne la taxidermie, Véronique Durand commence par mesurer chaque partie de l’animal afin de garantir un rendu fidèle. Elle utilise ensuite des formes en mousse ou construit ses propres structures : « On peut utiliser de la paille, de la fibre de verre, ou n’importe quel matériau qui va durer et qui est plutôt léger. Pour les yeux, ce sont des yeux de verre. Pour les dents, la plupart du temps, je travaille avec des dentiers. Ça permet d’économiser beaucoup de temps, de réutiliser le crâne pour un autre projet et ça donne un résultat plus propre. »
Au goût du jour
Les anciennes méthodes, souvent rudimentaires, ont cédé la place à des techniques plus sophistiquées. « Dans le temps, on gardait le vrai crâne, on utilisait de la paille pour le remplissage, on mettait deux billes de verre pour les yeux et c’était terminé. C’est pour ça que des fois, ça a l’air du diable ! », déclare Véronique Durand en riant. Maintenant, il est possible de se procurer des mannequins de mousse où les muscles sont reproduits avec précision, ce qui permet un rendu plus réaliste et franchement plus esthétique. « Ça peut être hyper artistique. Ce n’est pas obligé d’être simplement une tête sur une plaque ou d’avoir l’air d’une autre époque. Il y a tellement de possibilités ! Ça peut être vraiment splendide », affirme-t-elle.
À l’heure d’écrire ces lignes, les nouveaux clients doivent s’attendre à un délai d’attente de plus d’un an. « Ce n’est pas tellement le processus qui est long, c’est que je manque de temps. Si je faisais ça à temps plein, ce serait rapide. » En plus de son projet avec L’Empailleuse, rappelons que Véronique Durand jongle avec un emploi de 40 h par semaine 2 enfants en bas âge. « Je ne me sens pas les reins assez solides pour ne faire que ça, même si j’aimerais en vivre. C’est trop incertain. »
Pour plus d’informations ou pour voir les réalisations de Véronique Durand, consultez la page Facebook L’Empailleuse Taxidermie.
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