Des hausses de l’évaluation foncière qui font jaser
Des résidents de la Municipalité de Kiamika, dont leur porte-parole Serge Boudreault, s’inquiètent de la flambée de l’évaluation foncière dans la MRC Antoine-Labelle annoncée il y a quelque temps. Pour ces contribuables, ce n’est pas de cette façon que l’on contribue à l’amélioration du bien commun. Mais comme ils le disent dans une lettre à L’info, qu’entend-on par « valeur » accordée à une propriété ?
M. Boudreault demeure perplexe à la suite de la publication des dossiers de l’année, notamment celui qui traite de l’évaluation foncière.
« Sept municipalités, apprend-on, verront leur rôle d’évaluation augmenter pour les trois prochaines années. Si l’on en croit le directeur du Service d’évaluation de la MRC Antoine-Labelle, cette hausse s’explique par un essor marquant du marché immobilier dans notre région, lequel a bondi de 30 à 35 %. Il y aurait désormais plus de demandes que d’offres dans ce marché, justifiant ainsi l’augmentation de la valeur des propriétés. On devine ici tout le bel argumentaire sur la question du libre marché qui s’autorégule pour le bien de la communauté […] Mais ce libre marché est-il si juste pour les résidents des Hautes-Laurentides? Est-ce que cela contribue à l’amélioration du bien commun ? Mais aussi, qu’entend-on par « valeur » accordée à une propriété ? »
Le Kiamikois croit qu’il faut arrêter de voir cette façon de faire comme normale et légitime pour les fins d’évaluation de la valeur réelle d’une propriété, il cite le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation ici, « Le marché libre et ouvert à la concurrence, soit le prix le plus probable qui peut être payé lors d’une vente de gré à gré. » Pour lui, c’est trop.
Surenchère
Depuis l’arrivée de la COVID-19, la surenchère a connu du succès dans le marché immobilier du Québec. Sur cet élan, Serge Boudreault poursuit.
« En outre, avec la crise du logement que nous traversons, le libre marché bien naturel n’existe plus. Une bulle spéculative artificielle perdure, entraînant dans son sillage des conséquences fâcheuses, soit le manque d’accès à la propriété. Ce que nous annonce ainsi la MRC ne fait qu’ajouter au problème de surévaluation des immeubles.Pour revenir au fait mentionné sur l’augmentation des transactions immobilières, nous nous expliquons mal pourquoi la valeur de nos propriétés augmenterait uniquement à cause de quelques personnes fortunées prêtes à payer de gros prix très arbitraires fixés par des vendeurs et des agents d’immeuble aveuglés par leur seul profit? D’autant que cet essor immobilier représente-t-il vraiment l’achat d’une première propriété? »
« Alors, si un quidam fait construire à côté de chez moi une gigantesque maison, ou en achète à gros prix une seconde, en quoi la valeur intrinsèque de ma propriété change-t-elle, si en plus on n’a aucunement entrepris de travaux de rénovation? », déplore M. Boudreault.
Capacité à se loger
« Dans les Hautes-Laurentides, les salaires ne sont pas mirobolants, alors, à augmenter dans une telle proportion l’évaluation foncière, on nuit grandement à la capacité de gens de demeurer dans leur propriété aussi longtemps qu’ils le souhaitent. Ce phénomène où les gens sont étranglés par la taxation foncière est bien réel et se constate, entre autres, dans les grandes villes du pays, poursuit-il.
«Entend-on imiter celles-ci et sortir nos gens de leur maison? Le droit de propriété ou d’accéder à un logis fait partie de ce qu’on appelle le bien commun dont il faut se soucier. Il y a des limites à faire d’une habitation un bien spéculatif. Se loger est une nécessité ».
Hausse de l’évaluation foncière
L’évaluation foncière, ses hausses, est injustifiée selon M. Boudreault et les services offerts ne répondent pas à l’ensemble de la population des municipalités. Il souhaite que Québec aide mieux financièrement ces dernières qui manquent d’argent.
« Jusqu’ici, pour la municipalité où nous habitons, soit Kiamika, la municipalité peine à fournir des services adéquats à sa population. La collecte des ordures, laquelle a été réduite au fil des ans, et le déblaiement des routes en hiver demeurent les seuls services fiables qui nous sont offerts. Oui, il y a bien une petite bibliothèque, mais, quand on parle aux gens autour de nous, ceux-ci estiment qu’ils n’ont pas beaucoup de services compte tenu des taxes qu’ils paient. Cette hausse excessive qui nous accueille en 2024 contribuera-t-elle à l’amélioration de l’offre de services? Et si oui, comment? »
« J’ai eu la grande maladresse d’entreprendre des rénovations » – Sylvain Boudreault
La taxation que doit acquitter année après année le contribuable pèse de plus en plus dans le portefeuille, dans le coffre. Le Kiamikois Sylvain Boudreault en sait quelque chose et il poursuit sa réflexion sur l’étranglement financier que provoque la taxation et se demande où devrait se positionner la MRC Antoine-Labelle (MRCAL).
« Je terminerai justement avec la question de la taxation, laquelle a toujours été liée, historiquement, avec celle de la représentation. Nos démocraties sont nées ainsi : pas de taxation sans représentation. Lors des dernières élections municipales, a-t-on alerté les citoyens sur de telles augmentations? On est donc en droit de se demander selon quelle légitimité démocratique repose cette hausse abusive de l’évaluation foncière. L’évaluation foncière est bel et bien du ressort de la MRCAL et elle est revue aux trois ans. Elle fut décidée par le Service d’évaluation de la MRCAL, dans laquelle j’ose le croire, présentée et acceptée par tous les maires des municipalités. Mais autour de cette table, personne n’a contesté l’ampleur de cette hausse et des effets qu’elle aurait sur la population, à savoir notre capacité limitée à payer, et même à consommer? ».
Sylvain Boudreault poursuit:
«Dans notre cas personnel, notre hausse est de 77 %. Mais que voulez-vous, j’ai eu la grande maladresse d’entreprendre des rénovations! Mais bien des gens n’ayant rien fait chez eux verront leur évaluation foncière grimper de plus de 60 %. On indique une hausse de 78 % à Notre-Dame-du-Laus! »
La MRCAL s’expliquait
Dans L’info du 15 novembre (page 4), le portrait de la situation peint par le directeur du Service d’évaluation de la MRCAL, Guy Quevillon, ressemble à un copié-collé au reste des Laurentides. Pour l’évaluateur et ses collègues au sud, le télétravail jouerait un rôle clé sur le marché immobilier.
« On a quand même eu 30 % à 35 % plus de transactions que par les années précédentes dans la MRCAL. Ce qui fait qu’il y a beaucoup plus de demandes que d’offres sur le marché et qui explique pourquoi les valeurs ont augmenté de façon significative », mentionnait M. Quevillon.
L’augmentation du rôle triennal d’évaluation varie de près de 50 % à près de 80 % dans plusieurs municipalités des Hautes-Laurentides.
M. Quevillon observe qu’actuellement, le nombre de transactions a diminué, mais par contre les prix des résidences ne baissent pas. Et c’est sur ces derniers chiffres que les calculs servent aux rôles d’évaluation.
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