Éric Séguin, 30 ans de passion et de couteaux
Éric Séguin façonne depuis maintenant 30 ans des couteaux en tout genre dans son atelier de Labelle. L’occasion de retracer le parcours de cet artisan local.
« Merci d’avoir cru en moi ! ». Voilà le message que souhaitait faire passer Éric Séguin, avec un article de L’information du Nord datant du 17 décembre 1994 en main. «J’avais 19 ans, je venais de gagner un concours à Toronto. J’étais super fier que le journal veuille parler de moi. Cela faisait seulement un an que j’avais commencé mon affaire. »
Depuis, le coutelier de Labelle a célébré ses 30 ans de carrière. Une longévité aussi exceptionnelle que rare dans le monde de l’entrepreneuriat. « Si je pouvais parler au petit jeune de l’article, je lui dirais ne lâche pas mon gars, tu es capable, tu vas réussir. N’écoute pas ce que les autres te disent s’ils n’ont pas l’expérience dans ton domaine. »
Celui qui a grandi dans le commerce de ses parents à Saint-Jovite a en effet rencontré des personnes sceptiques, qui ne donnaient pas cher de son art. C’était mal connaître Éric et sa volonté à toutes épreuves. « Les premières années ont été difficiles. J’ai connu des flops. La première fois que j’ai rencontré un directeur de banque pour avoir un prêt pour débuter mon entreprise, il m’avait dit: « une fois que tu auras fait le tour de ta famille et de ton village, tu n’en vendras plus de couteaux ». Aujourd’hui encore je me fais demander après 30 ans, c’est quoi mon vrai métier, est-ce que je vis vraiment de ça. »
Connu dans le monde
L’artisan de 48 ans a bien fait de s’accrocher. Celui qui a remporté de nombreux prix s’est forgé une belle réputation au Canada et à l’international. Il répond aux demandes aussi bien du Casino de Gatineau qu’aux particuliers en quête d’authenticité. Couteau miniature, de cuisine, de chasse, de pêche, machette : il y en a pour tous les goûts. « C’est une passion. J’aime voir mes couteaux finis après avoir passé des heures à travailler des pièces d’acier, de bois rares, de panache. J’aime aussi faire partie des souvenirs familiaux. Des gens viennent me voir avec des couteaux que j’ai faits dans les années 90 et ils me disent qu’ils l’ont hérité de leur grand-père et ils veulent le restaurer.»
«L’âme de mon produit, c’est qu’il se transmet. C’est plaisant de se dire qu’on laisse un peu de soi dans chaque pièce que je réalise.» -Éric Séguin
Éric Séguin a fait le choix de travailler seul dans son sous-sol, sans aucune machine programmée ni sophistiquée. « La seule technologie dans mon atelier c’est mon cellulaire », plaisante l’artisan qui concède d’ailleurs que les réseaux sociaux ont été un véritable tremplin dans sa carrière. « Avant, il fallait faire énormément d’expositions pour avoir accès à cette population. On disait que le bouche-à-oreille était la meilleure des publicités. Maintenant il y a aussi les réseaux sociaux. »
Le coutelier peut désormais compter sur une clientèle fidèle et de connaisseurs. Pour preuve, son carnet de commandes ne désemplit pas. Cela tombe bien, car Éric Séguin est loin de rendre son tablier. «Je suis un travaillant, j’aime travailler. Je me vois à 70 ans faire encore un ou deux couteaux par semaine. Tant que je serai capable de travailler, jamais je ne prendrai ma retraite. » Le rendez-vous est pris dans 30 ans.
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