Les écoroutes d’hiver: une idée qui fait son chemin

Publié le 24 décembre 2021 par Véronique Piché

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Véronique Piché

Journaliste de l’Initiative de journalisme local | vpiche@infodunord.ca

Les sels de déglaçage et abrasifs épandus sur les routes en hiver ont de nombreux effets négatifs sur les écosystèmes. Les municipalités sont encouragées à implanter des écoroutes hivernales dans leur réseau routier.

L’écoroute d’hiver est un tronçon de route où le grattage est intensifié dans le but de diminuer l’épandage de sels, tout en garantissant la sécurité routière. Dans certaines circonstances et dans des endroits critiques (pentes, courbes et arrêts), on utilise quand même des sels de voirie. (Photo gracieuseté – OBV RPNS)

Encore plus de myriophylle à épis à cause des sels de déglaçage, c’est possible? Oui. Pourtant, Johanna Riboulet, agente de projets chez Abrinord, et Geneviève Gallerand, directrice générale de l’Organisme de bassins versants des rivières Rouge, Petite Nation et Saumon (OBV-RPNS), n’ont pas choisi d’agiter cet épouvantail. Elles ont plutôt entrepris une démarche commune de soutien auprès des municipalités de la région. Objectif: les aider à changer leur gestion hivernale sur certains tronçons de route.

Gaspillage

« Parfois, il y a des situations où on va utiliser beaucoup de sels de voirie, en pensant qu’on va augmenter l’efficacité de l’opération, ce qui n’est pas le cas. Quand il y en a trop, ils sont lessivés ou projetés à l’extérieur de la chaussée », explique Johanna Riboulet. Elle souligne que ces sels et chlorures sont un problème, en particulier près des prises d’eau potable et de certaines zones naturelles. En plus, mis en trop grande quantité, ils représentent un gaspillage d’argent pour les municipalités.

« Chaque printemps et chaque automne, dans les lacs, on a un brassage naturel qui réoxygène l’eau, illustre Johanna Riboulet, mais quand c’est trop salé, le brassage ne se fait plus [pour des raisons de densité], ce qui a des répercussions sur les espèces aquatiques. On a même des plantes exotiques envahissantes qui peuvent profiter de ces conditions perturbées du lac pour proliférer. »

Geneviève Gallerand ajoute que les problèmes de sédimentation observés dans plusieurs lacs des Laurentides sont envenimés par l’application d’abrasifs sur les routes environnantes. « Quand on applique de la matière granuleuse sur nos routes, par ruissellement, ces particules sont dirigées dans nos lacs, ce qui contribue à leur ensablement », dit-elle.

Écoroutes d’hiver

En novembre dernier, les deux organismes de bassins versants ont convié des représentants municipaux à une formation sur les écoroutes d’hiver. Ces routes sont des sections du réseau routier où on privilégie le grattage de la chaussée pour amincir la couche de glace, au lieu d’épandre des sels. S’il y a un redoux, on préconise les abrasifs, lesquels contiennent 1 ou 2% de sels, contre 30 à 40% pour les sels de voirie. Si la situation est critique, on préhumidifie les sels de voirie, ce qui augmente leur efficacité pour une quantité moindre.

Dans ce dossier, les deux femmes soulignent l’action de la municipalité de Labelle, qui a déjà délimité des « quartiers blancs » dont le déneigement est géré selon les principes des écoroutes hivernales. Lac-Supérieur, La Minerve ainsi que Sainte-Lucie-des-Laurentides ont aussi droit à une mention, car elles ont récemment mis en place des projets d’écoroutes hivernales.

Sécurité et nécessité

« Quand on implante une écoroute dans une municipalité, l’aspect communication doit être pris en compte, parce que les citoyens doivent changer leur façon de conduire sur ces segments de route. On doit le faire pour des raisons de sécurité, mais aussi pour que les gens comprennent la nécessité des écoroutes », explique Johanna Riboulet.

Cette approche de gestion hivernale se marie bien avec les besoins locaux d’adaptation aux changements climatiques. « Du moment qu’une municipalité va se pencher sur la question de cartographier son territoire, elle va aussi s’interroger sur la façon de réagir aux prévisions météorologiques et à la formation de ses équipes », souligne Johanna Riboulet.

Les municipalités ont déjà leur plan pour la saison hivernale en cours. Toutefois, la formule de soutien offerte par les organismes de bassins versants leur permettra de s’engager sur cette voie. En chemin vers plus d’écoroutes hivernales?

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