Elle s’agrippe à la bête de presque partout au Québec
La tique d’hiver de l’orignal, vous connaissez?
La tique d’hiver de l’orignal est un acarien présent sur bien des territoires québécois depuis des décennies. Le parasite se multiplie depuis quelques années, comme l’orignal d’ailleurs. Logeant notamment sur les veaux, il se gorge de sang durant plusieurs mois, causant dans plusieurs cas une mort à la suite d’une perte d’énergie due à la perte sanguine. Au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), une étude est en marche.
« Ce n’est pas un phénomène qui est nouveau. L’augmentation d’abondance des orignaux et les intensifications de la tique qui s’ensuivent sont par contre un phénomène récent dans l’Est du Canada, communique Yannick Bilodeau, biologiste au MFFP. Il y a une corrélation entre la tique et l’orignal. »
Les changements climatiques seraient aussi de l’équation dans cette multiplication. Les larves de la tique dépendent de l’environnement: si l’hiver est hâtif et se termine rapidement au printemps, les tiques tombent au sol où repose moins de neige. Leur taux de survie est plus grand. M. Bilodeau ajoute que comme les hivers s’annoncent de plus en plus courts et chauds, cela permet à la charge parasitaire de croitre.
« À l’automne, quand il fait très chaud, les tiques doivent monter sur les branches pour s’agripper aux orignaux et ainsi débuter leur cycle. Mais si c’est sec, les tiques doivent redescendre tous les jours de leur branche sinon elles vont se disséquer, s’assécher par la chaleur. Elles utilisent une grande quantité d’énergie pour le faire. Un automne pluvieux aide la survie des tiques et on la retrouve en grand nombre sur les orignaux », précise le biologiste.
Un point important à retenir, la tique d’hiver de l’orignal n’est pas la même que celle qui se juche sur le cerf de Virginie et qui trouve souvent une place sur l’homme. La première ne s’agrippe pas à l’homme et ne propage pas de maladie comme celle de Lyme.
Une étude importante
Une étude sur trois ans, ayant pour objectif de voir si la tique est une source de mortalité de l’orignal au Québec, est en cours. M. Bilodeau y participe avec des collègues en partenariat avec l’Université Laval. Bien que celle-ci s’est amorcée en 2020, la pandémie a freiné les ardeurs de récolte d’informations sur le terrain. Mais quand l’équipe est sur place, c’est comme une scène de crime: tout est colligé.
Les 97 orignaux de certaines régions du Québec, dont 19 mâles et femelles d’un an et demi dans l’Outaouais-Laurentides, sont munis de colliers émetteurs. Les appareils transmettent, entre autres, des données pertinentes comme la géolocalisation, la santé de l’animal à certains niveaux. Aussi, la moitié des orignaux ont été traité avec un acaricide pour enlever les tiques et l’autre moitié, non.
« Nous avons un témoin, versus un dont les tiques ont été relevées, pour voir le taux de survie des bêtes afin de savoir ce qui les affecte. Quand on réalise qu’un orignal a une température qui est pratiquement identique à celle de son environnement et qu’il ne bouge plus, on devine qu’il est décédé », indique M. Bilodeau.
Sur les 19 veaux orignaux munis de colliers, 9 sont présumés morts à la fin de février dernier :
- 1 par inanition (plus d’énergie);
- 3 de cause inconnue;
- 1 victime d’un accident routier (confirmé);
- 4 par la chasse (confirmés).
Suivre les orignaux
Des équipes comme celle du biologiste Yannick Bilodeau œuvrent sur plusieurs territoires au Québec, là où se trouvent les orignaux et la tique: parc Forillon en Gaspésie, Capitale-Nationale, Bas-Saint-Laurent et plus près de nous, Outaouais-Laurentides. « Nos territoires visés par le projet sont la ZEC Patawaga dans les Laurentides et la réserve faunique de La Vérendrye en Outaouais. On y marque les veaux orignaux depuis l’an dernier », indique le biologiste.
Puisque l’analyse n’est pas complétée, bien difficile de dénombrer le nombre de têtes affectées par la tique, trop de facteurs entrent en ligne de compte.
Au laboratoire
La tique d’hiver de l’orignal est un ectoparasite, c’est-à-dire qu’elle ne boit que le sang de son hôte. Elle reste connectée à l’orignal et à la mort de celui-ci, elle tombe au sol, bien que d’autres restent prisonnières dans les poils de l’animal. Quand le cadavre se trouve en laboratoire, les organes comme la peau de la bête, sont récupérés, analysés et les équipes décomptent les tiques.
Et la consommation?
Comment la chasse est-elle affectée par la présence de la tique? « À l’automne, on ne voit pas les tiques, ce sont des larves […] », remarque Yannick Bilodeau. L’orignal affecté ne se frotte pas vraiment sur les arbres pour déloger le parasite qui pique, le chasseur ne perçoit donc pas nécessairement la perte de poil.
Mais est-ce que l’animal abattu est impropre à la consommation? « Cela n’affecte en rien la qualité de la viande, poursuit M. Bilodeau. Il n’y a aucun danger à la consommation. Mais comme dans toute manipulation de viande de chasse, on suggère de porter des gants. »
Ajoutons que les équipes du projet comptent aussi sur la contribution des stations d’enregistrement pour la poursuite de son objectif.
Pour de plus amples informations sur ledit projet, visitez le www.albipictus.com.
Si vous abattez un orignal portant un collier dans la région
Si votre orignal porte un collier, prière de suivre les directives suivantes à la lettre. Évitez de couper la courroie du collier, retirez-le plutôt en dévissant les 2 boulons situés au bas du collier, du côté où la courroie est ajustable et contient plusieurs paires de trous, à l’aide d’une clé 8 mm ou d’une paire de pinces. Appelez au numéro indiqué sur le collier pour que nous puissions le récupérer. Les colliers tomberont automatiquement au sol à la fin d’octobre 2021. (Source: Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs)
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