Pression à la hausse sur les loyers
La région aux prises avec une crise du logement
Souvent, on parle de la crise du logement dans les médias autour du 1er juillet, puis ça sombre dans l’oubli. Mais dans les Laurentides, cette crise perdure depuis des années et chaque jour de l’année. Avec la pandémie de COVID-19 et l’engouement des citadins pour la région, cette crise risque-t-elle de s’accentuer?
Aux yeux de Véronique Laflamme, du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui s’intéresse à cette question dans l’ensemble du Québec, chez nous, c’est surtout la surenchère dans le marché immobilier qui se répercute sur les loyers.
« Les travailleurs à faible revenu, ceux qui travaillent dans l’industrie touristique et qui forment la communauté dans les villages, sont des victimes collatérales de la popularité des Laurentides », croit-elle.
Bien que les données à sa disposition datent d’avant la pandémie, Mme Laflamme n’a aucun doute dans son esprit: avec tout ce qu’elle a entendu dans les médias et les échos qu’elle a du terrain, les temps à venir seront durs pour les locataires chez nous.
« Mes chiffres datent d’octobre 2019, mais déjà, le tourisme provoquait la faible disponibilité des logements locatifs. Quand on voit la ruée des gens de la région métropolitaine sur les Laurentides dans les derniers mois, c’est sûr que ça ne va qu’accentuer cette rareté-là des logements », affirme-t-elle.
La location à court terme dans la mire
Selon le FRAPRU, le problème principal vient surtout de la location à court terme. Il est bien plus payant de louer une maison ou un appartement chaque fin de semaine, à Mont-Tremblant ou Sainte-Agathe, que de le louer toute l’année à une famille.
Il en résulte un cercle vicieux: il y a une rareté du logement locatif, donc les loyers sont chers, mais comme il n’y a pas d’alternative pour ceux qui ne peuvent accéder à la propriété, vu le prix élevé des maisons, ils restent dans leurs logements; ce qui crée une rareté.
Cet avis est partagé par Myriam Tison, directrice générale de l’organisme L’Ombre-Elle. Celui-ci vient en aide aux femmes victimes de violence conjugale, du Grand Saint-Sauveur à Labelle. Quand vient le temps de loger ces femmes, une fois qu’elles quittent le refuge, c’est un épouvantable casse-tête, selon elle.
« C’était déjà très difficile pour une personne à faible revenu de se trouver un logement, maintenant, c’est rendu presque impossible. »
-Myriam Tison
Elle montre elle aussi du doigt, pour expliquer cette rareté des logements abordables, la location à court terme aux touristes. « L’avènement des Airbnb de ce monde, conjuguée au prix des maisons qui était déjà élevé, a créé une pression. On le sent à Val-David et Mont-Tremblant en particulier, mais même aussi dans des petites municipalités comme Sainte-Lucie et Val-des-Lacs », avance-t-elle.
Elle ajoute également que le marché immobilier des Laurentides est bien davantage un marché de condos et de maisons unifamiliales, souvent de bonne dimension donc inabordables, qu’un marché de multiplex, comme dans les grandes villes.
Il en résulte que la demande n’étant pas dans le multiplex, les promoteurs n’en construisent pas dans les nouveaux développements. Quant à ceux existants, il y a une rareté, donc les propriétaires en profitent pour augmenter leurs loyers de façon importante, quand ils ne choisissent pas purement et simplement la location à court terme, plus payante.
Quelles solutions à envisager?
Selon Mme Tison, il n’y a que deux façons de renverser la tendance actuelle. « La première, c’est que l’on construise dans nos villages des logements sociaux. La deuxième, c’est que les municipalités adoptent une règlementation où on oblige les promoteurs, lorsqu’ils développent un terrain, à construire une certaine proportion d’immeubles locatifs, comme des blocs appartement ou des duplex. »
Véronique Laflamme du FRAPRU abonde dans le même sens, en ajoutant une troisième action à poser rapidement: faire appliquer avec plus de vigueur les règlements sur la location à court terme, ce qui rendrait un certain nombre de logements disponible pour ceux voulant louer à long terme.
« Il ne faut pas oublier non plus la réalité des Laurentides, rappelle-t-elle. On n’est pas en banlieue de Montréal: la population peut difficilement s’éloigner des centres où elle travaille, étant donné les grandes distances à parcourir. On n’a pas vraiment le choix de garder des logements à louer dans les villages, si on veut avoir des travailleurs qui donnent des services aux touristes », conclut-elle.
Portrait de la situation, en chiffres
Selon les plus récentes données du FRAPRU, le taux d’inoccupation des logements est de 2,2% à Sainte-Agathe, mais il chute à 1,3% dans le cas où l’on cherche deux chambres à coucher. Donc, tous les logements intéressants pour une famille sont loués, que ce soit à court ou long terme.
Selon le recensement de 2016, à Sainte-Agathe-des-Monts, 470 ménages avaient un « besoin impérieux de logement ». Cela signifie qu’ils sont mal logés selon leurs besoins: l’appartement est trop petit, il est délabré ou insalubre, ou alors le loyer leur coûte plus de 30% de leur salaire.
Les chiffres n’étaient pas disponibles pour Mont-Tremblant et Rivière-Rouge, mais comme la situation est semblable à Mont-Laurier (385 ménages dans cette situation), tout porte à croire qu’elle est commune dans l’ensemble des Hautes-Laurentides.
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